Les députés du Parlement de la CEDEAO, réunis cette semaine à Dakar pour plancher sur le rôle des technologies et de l’innovation dans l’éducation ouest-africaine, ont cité le Bénin comme l’un des pays les plus avancés de la région pour ses ambitions numériques. Pourtant, derrière les chiffres encourageants, les parlementaires appellent à un engagement politique plus structuré.
Le Bénin est visiblement très connecté, mais ces écoles ne le sont pas encore pleinement. À Dakar, dans une salle pleine de parlementaires ouest-africains, le nom du pays dirigé par Patrice Talon depuis 2016 revient avec insistance. Progrès technologiques, stratégie IA, infrastructures numériques… Le tableau est flatteur. Mais derrière ces succès, une réalité plus nuancée s’impose : le système éducatif béninois reste à la traîne en matière de digitalisation, constate les parlementaires.
En effet, dans un exposé mardi, le député Dr Jacob Kassam, dans un exposé présenté mardi devant ses homologues, a salué les efforts du Bénin en matière de développement numérique. Le pays – indique le député du Parlement de la CEDEAO – a adopté une stratégie en intelligence artificielle et big data, ce qui le place dans le peloton de tête des pays de la CEDEAO en termes d’infrastructures et de maturité numérique.
Avec un indice OSI (Open Systems Interconnection) supérieur à 50, le Bénin rejoint la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria comme seuls pays de la région ayant franchi ce seuil. Cet indice, qui mesure le niveau d’interconnexion des systèmes numériques, témoigne d’une réelle dynamique de modernisation.
Le Bénin parmi les bons élèves de la CEDEAO avec des efforts à fournir
Selon le conférencier, le tableau est moins flatteur sur le plan spécifique des technologies de l’éducation. Si les outils numériques existent, le pays semble ne pas disposer encore d’une politique nationale claire et opérationnelle sur les technologies de l’éducation. Le Bénin, comme plusieurs autres États membres de la CEDEAO, se trouve dans une phase de transition, avec des expérimentations prometteuses, a indiqué mardi le Dr Kassam.
Il cite d’ailleurs en exemple, le Plan sectoriel de l’éducation 2018-2030, principal document de pilotage du système éducatif, qui selon lui, n’aborde pas spécifiquement la question des technologies éducatives. Une lacune pointée du doigt à leur tour par les parlementaires, au moment où l’intelligence artificielle, les plateformes d’apprentissage en ligne et les contenus numériques deviennent incontournables.
Le Bénin appelé à structurer ses ambitions numériques
Pour accélérer la transformation numérique de l’éducation au Bénin et dans la sous région, les parlementaires de la CEDEAO ont formulé une série de recommandations. Parmi elles : cartographier les plateformes existantes, renforcer l’accès à l’électricité et à Internet dans les établissements scolaires, former massivement les enseignants aux outils numériques, et soutenir l’innovation locale dans les écoles et universités.
Le Bénin, avec ses bases technologiques solides, est considéré comme bien placé pour jouer un rôle moteur. À condition, notent les parlementaires, « de passer d’une approche fragmentée à une stratégie éducative intégrée et inclusive », recommande le Dr Jacob Kassam.