À Doha, la RDC et le M23 s’engagent sans garanties, le contenu de l’accord de paix

Mohamed Fousso
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Accord de paix entre la RDC et le M23

Dans un contexte de tensions persistantes dans l’est de la République démocratique du Congo, la signature à Doha d’une déclaration conjointe entre Kinshasa et le mouvement armé AFC/M23 marque une tentative de sortie de crise par la voie diplomatique. Le document, paraphé le 19 juillet 2025 sous l’égide du Qatar, acte une volonté commune de cesser les hostilités et de poser les fondations d’un accord de paix global.

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La RDC et le M23 entre cessez-le-feu et incertitudes. Un accord de paix avec beaucoup de réserves est désormais acté par les deux parties .Ce texte, au ton résolument consensuel, rapporte RFI, affirme l’engagement des deux parties à privilégier les négociations et le respect des principes de la Constitution congolaise, du droit international et des chartes de l’Union africaine et des Nations unies. Il réaffirme aussi le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, tout en annonçant un cessez-le-feu permanent. Ce dernier exclut explicitement toute attaque – terrestre, aérienne, lacustre ou maritime – ainsi que les actes de sabotage, la propagande haineuse ou la prise de positions par la force. Un mécanisme de vérification conjoint est prévu pour surveiller l’application du cessez-le-feu.

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Au-delà de la trêve militaire, les signataires s’engagent à instaurer un climat de confiance, notamment en permettant le retour volontaire et sécurisé des déplacés et des réfugiés, en coordination avec le HCR et les pays d’accueil. Ils prévoient également la mise en place, avec l’appui du Comité international de la Croix-Rouge, d’un cadre pour la libération de certains détenus identifiés conjointement. Le rétablissement de l’autorité de l’État, notamment dans les zones sous contrôle du M23, est envisagé comme une conséquence du règlement des causes profondes du conflit.

Un accord de paix avec de nombreuses zones d’ombre

La déclaration entre en vigueur immédiatement, avec un calendrier resserré : des négociations directes doivent s’ouvrir d’ici au 8 août, en lien avec l’accord RDC-Rwanda signé à Washington en juin, pour aboutir à un traité de paix global au plus tard le 18 août 2025.

Malgré ce pas jugé « important » par plusieurs acteurs, de nombreuses zones d’ombre subsistent. Aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect de l’accord, et la question cruciale de la justice et de la lutte contre l’impunité reste absente du document. Un vide qui, pour beaucoup, affaiblit la portée réelle de la déclaration.

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Sur le terrain politique, les réactions oscillent entre prudence et espoir mesuré. Le PPRD salue une avancée rassurante, tout comme Lamuka, qui y voit un « point de départ » utile. Mais les deux formations politiques insistent sur la nécessité d’un dialogue national plus large. « Ce cessez-le-feu ne peut être qu’une étape vers un processus plus inclusif », résume Jean-Marc Kabund, désormais dans l’opposition. D’autres voix demandent des clarifications, préférant temporiser avant de s’engager publiquement.

La signature, saluée également par des figures de la société civile comme Jean-Claude Katende, reste avant tout une promesse. Celle d’une paix possible, mais encore lointaine, tant les écueils à surmonter demeurent nombreux.

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