La session criminelle consacrée à l’affaire Urbain Pierre Dangnivo se poursuit ce mercredi 12 mars 2025 au Bénin. Lors des dépositions à la barre, le colonel Enock Laourou, ex-agent du renseignement, a livré son témoignage sur l’arrestation de Codjo Alofa, principal accusé, tandis que ce dernier ainsi que son coaccusé, Donatien Amoussou, ont contesté fermement ses propos.
Devant la Cour ce mercredi, le colonel Enock Laourou, ancien agent du renseignement, a été le premier à déposer en qualité de témoin. Responsable de la zone du Port autonome de Cotonou au moment des faits, il a déclaré avoir appris la disparition de Urbain Pierre Dangnivo par voie de presse. Il a également relaté son rôle dans l’interpellation de Codjo Alofa à Lomé, après une évasion présumée du prévenu.
Selon le colonel, en 2012, il a été alerté par des clameurs en provenance du camp militaire où était détenu Alofa. Après vérifications, il aurait constaté une tentative d’évasion. Cependant, Alofa a contesté ces affirmations, niant toute tentative de fuite. Son coaccusé, Donatien Amoussou, a renchéri en précisant que l’incident concernait en réalité sa propre personne. Selon lui, un complot aurait été ourdi contre lui ce jour-là pour le tuer, mais il aurait réussi à maîtriser son assaillant avant d’être remis au colonel Laourou, qui l’aurait ensuite enfermé dans le coffre d’un véhicule pour l’emmener à la brigade de recherches.
Donatien Amoussou affirme avoir été extrait de la prison de Missereté en 2013
Autre révélation marquante, Donatien Amoussou a affirmé avoir été extrait de la prison de Missereté en 2013 pour être conduit au service de renseignement, où le colonel Laourou lui aurait proposé de se présenter comme complice d’Alofa. Face à son refus, il aurait été maintenu en cellule pendant 62 jours. Le colonel Laourou a nié en bloc ces accusations.
Le ministère public a par ailleurs interrogé l’ancien agent du renseignement sur la méthode employée pour tracer le déplacement d’Alofa jusqu’à la frontière togolaise. Interrogé sur la manière dont il a obtenu le numéro d’Alofa, Laourou a expliqué que celui-ci lui avait été communiqué en prison. Alofa a rejeté cette version, rappelant que les détenus n’ont accès qu’à une cabine téléphonique.
La partie civile a alors interrogé le colonel Laourou sur les attributions des services de renseignements. À la question de savoir si Alofa constituait une menace pour l’État en 2012, l’ancien agent a répondu par la négative. Il a cependant justifié son intervention en 2015 par l’ampleur des réactions autour de cette affaire.