Le Chef de l’Etat rwandais Paul Kagamé s’est prononcé sur les causes qui sont à l’origine des coups d’Etat en Afrique. Dans une interview à Jeune Afrique, il évoque notamment deux facteurs qui motivent les putschistes et parle également des coups d’Etat institutionnels.
« Je crois qu’ils sont souvent le résultat d’une accumulation de griefs sur plusieurs années », fait savoir dans un premier temps, Paul Kagamé. Se prononçant ainsi sur les coups d’Etat observé ces dernières années sur le continent africain, le président souligne que les auteurs ne se lèvent pas juste un jour pour le faire. « On peut les analyser, trouver que ces raisons sont valables ou ne le sont pas, mais il y a forcément des facteurs qui amènent à cette extrémité », a ensuite soutenu le chef d’État.
S’agissant des putschs enregistrés au Mali, au Burkina Faso, en Guinée, au Soudan, au Niger et tout dernièrement au Gabon, il relève deux origines qui pour lui, sont communes: la gouvernance et la sécurité. « Chaque changement ou implosion dans ces différents pays se résume à un mot : la gouvernance. La gouvernance, et ensuite la sécurité : ce sont elles qui posent les fondations du développement d’un pays, à condition qu’elles soient gérées de la bonne manière », a laissé entendre Paul Kagamé.
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« Aller au delà de la condamnation »
Selon lui, la communauté internationale et les organisations sur le continent doivent aller au delà des condamnations qu’on enregistre ça et là quand ces coups d’Etat surviennent. « Est-ce que le fait que l’Union africaine ou le reste du monde condamne un coup d’État règle le problème ? Non, puisque ce genre d’événements continue d’arriver. Cela veut bien dire qu’une condamnation ne suffit pas », a-t-il martelé.
En revanche, Paul Kagamé invite les instances à condamner également les coups d’Etat institutionnels. « Si vous avez un gouvernement civil impopulaire et qu’il change la Constitution pour que celle-ci facilite ses ambitions personnelles et non celles de son peuple, pourquoi ne le condamne-t-on pas ? », s’est-il interrogé.
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Paul Kagamé, candidat pour un 4ème mandat
A la tête du Rwanda depuis le 24 mars 2020, Paul Kagamé, a annoncé qu’il allait être candidat à un quatrième mandat lors de l’élection présidentielle prévue l’an prochain dans ce pays de la région des Grands Lacs. “Je suis heureux de la confiance que les Rwandais me témoignent. Je les servirai toujours, tant quand je le pourrai. Oui, je suis bel et bien candidat”, a déclaré le président à Jeune Afrique.
Il avait déjà procédé à des amendements constitutionnels controversés qui lui avaient permis d’obtenir un troisième mandat et pourraient lui permettre de gouverner jusqu’en 2034. Ancien chef rebelle, Paul Kagame est le dirigeant de facto du pays depuis la fin du génocide de 1994. Il a été reconduit au pouvoir – avec plus de 90 % des voix – lors des élections de 2003, 2010 et 2017.