Au Bénin, berceau du vodoun, les dernières semaines ont été marquées par une série de crimes rituels d’une violence inouïe. D’un bout à l’autre du pays, les découvertes macabres se multiplient : enfants mutilés, organes prélevés, disparitions inexpliquées. Autant de faits qui alimentent la confusion entre spiritualité et barbarie, et qui ternissent l’image d’une religion ancestrale fondée sur la vie, la justice et l’harmonie.
Crimes rituels au Bénin : sauver le vodoun de la défiguration
Le vodoun, pris en otage par la superstition au Bénin. Largement pratiquée pourtant dans le pays, cette religion est aujourd’hui de plus en plus perçue comme très dangereuse. En tout cas, c’est le moindre qu’on puisse dire au regard des nombreuses récriminations enregistrées à cette date à l’encontre de certains pratiquants et dignitaires.
À Parakou par exemple, un garçon de douze ans a été retrouvé sans vie, amputé de plusieurs parties de son corps, rapporte La Nouvelle Tribune. À Abomey-Calavi, une jeune femme disparue a été découverte, vidée de ses organes, a appris Africaho, il y a quelques semaines seulement. Et à Bohicon tout récemment, deux individus ont été arrêtés alors qu’ils tentaient d’immoler un client venu consulter. Derrière ces actes sordides, c’est souvent la même motivation. La quête effrénée de richesse et de pouvoir, nourrie par des croyances dévoyées.
Pour les dignitaires du culte, ces crimes n’ont aucun lien avec le vodoun véritable. “Le vodoun est devenu un alibi pour des criminels qui veulent donner une justification spirituelle à leurs actes. Ils profitent de la méconnaissance du grand public et de la peur qu’inspirent certains symboles pour s’imposer comme des ‘maîtres spirituels’. En réalité, ce sont des délinquants spirituels”, a-t-il déploré selon ses propos cités par La Nouvelle Tribune. Selon lui, ces faussaires tapis dans le rang des dignitaires du culte vodun exploitent la peur et la méconnaissance du public pour asseoir leur influence.
Or, dans sa philosophie originelle, le vodoun célèbre la vie, l’équilibre et la vérité, vante-il. Il proscrit le sang humain et condamne toute forme de violence gratuite. Mais l’amalgame persiste, alimenté par des pseudo-prêtres, des charlatans et des réseaux occultes qui exploitent la crédulité des populations.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que ces dérives ne menacent pas seulement l’image du culte. Elles ébranlent également la cohésion sociale et mettent ainsi en péril la transmission d’un héritage culturel millénaire.
Et si le Comité des rites vodoun intervenait ?
Face à ces éléments ainsi exposés, le Comité des rites vodun, créé pour encadrer les pratiques spirituelles et moraliser le culte, semble bien dos au mur. S’il faut bien reconnaitre que ce comité par ailleurs, dirigé par Mahougnon Cakpo avait publié le 12 septembre dernier, un communiqué pour dénoncer avec vigueur les publications jugées sacrilèges circulant sur les réseaux sociaux, le comité est plus qu’attendue. Certes, des mesures pour protéger la religion et ses dignitaires avaient été annoncées, mais les hauts dignitaires réunis dans ce organe étatique devront réagir plus conséquemment aux attentes de plus en plus immenses des populations.
Recenser et certifier les temples et prêtres authentiques, sanctionner les dérives, lancer une vaste campagne de sensibilisation et collaborer avec la justice, etc. Voilà autant d’actions urgentes qui pourraient toutefois permettre à restaurer davantage et sans doute la crédibilité du vodoun.
Un registre national des dignitaires reconnus par exemple, permettrait par ailleurs de tracer une ligne claire entre les véritables initiés et les imposteurs. Dans le même élan, le Comité pourrait renforcer son partenariat avec les forces de l’ordre pour démanteler les réseaux criminels opérant sous couvert spirituel. Vivement qu’une réaction conséquente soit donnée !
