À Bamako, plusieurs centaines de personnes ont protesté samedi contre l’abrogation de la loi encadrant les partis politiques. Une coalition d’opposition dénonce une dérive autoritaire du régime militaire.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi 3 mai à Bamako pour dénoncer une possible dissolution des partis politiques par les autorités de transition. Le rassemblement, initialement prévu au Palais de la culture, s’est tenu à l’extérieur du bâtiment, les forces de l’ordre et des associations proches du pouvoir militaire ayant empêché l’accès aux manifestants.
La mobilisation a été organisée par une coalition rassemblant une centaine de partis politiques maliens. Dans une déclaration publiée à l’issue du rassemblement, les organisateurs ont exigé « la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025 » et réclamé « un calendrier de retour rapide à l’ordre constitutionnel ».
Malgré la forte présence policière, les manifestants ont scandé des slogans tels que « Non à la dictature », « Vive la démocratie ! » ou encore « Des élections, des élections ! ».
Plusieurs personnalités politiques dans les rues
Parmi les figures présentes figuraient des personnalités historiques de la scène politique malienne, telles que l’ancien président de l’Assemblée nationale, Ali Nouhoun Diallo, ou encore l’ancienne ministre Sy Kadiatou Sow. De jeunes responsables politiques ont également pris part à la mobilisation. « Le combat pour la défense du multipartisme continue », a déclaré l’un d’eux.
Cette manifestation constitue l’un des actes de contestation les plus marquants contre les autorités militaires depuis sa prise du pouvoir en 2021. Elle intervient dans un climat de forte tension politique, après l’annonce, le 30 avril, de l’abrogation de la loi encadrant les partis politiques. Une décision perçue par plusieurs juristes comme une étape vers leur suppression pure et simple.
Cette annonce qui consacre d’ailleurs la fin du multipartisme au Mali fait suite à une concertation nationale organisée par le régime les 28 et 29 avril, largement boycottée par l’opposition. Les conclusions de cette réunion recommandent notamment la suppression des partis politiques et la désignation du chef de la junte, le général Assimi Goïta, comme président de la République pour un mandat de cinq ans, renouvelable, sans élection.
La coalition d’opposition a rejeté ces conclusions, qu’elle considère comme « nulles et non avenues » et « sans représentativité réelle ». Elle affirme « condamner fermement toute tentative de restriction, de suspension ou de dissolution des partis politiques ».
Une réunion des responsables de l’opposition était prévue dans la soirée.