Le ministère sénégalais de la Communication a dévoilé mardi 3 décembre 2024, une liste provisoire des médias autorisés à diffuser, dans le cadre de la nouvelle plateforme d’enregistrement en ligne « Déclaration Médias Sénégal ». Sur les 380 dossiers déposés, seulement 112 médias ont été validés, incluant 10 chaînes de télévision, 14 journaux, 17 radios, 10 radios communautaires, 6 Web TV et 54 médias en ligne.
Le Sénégal poursuit met en œuvre ses ambitions de réformes dans le secteur des médias. Annoncé par le Pastef, parti au pouvoir, ce processus, présenté comme une mesure pour « assainir le secteur » et rationaliser l’attribution des aides publiques, exclut provisoirement plusieurs acteurs majeurs de la presse. Dans un précédent communiqué, le ministère de la communication a invité les médias recalés à se mettre à jour au plus tard le vendredi 6 décembre 2024. Par conséquent, ils perdront le droit d’imprimer ou de diffuser, ainsi que l’accès aux subventions publiques.
Cette mesure annoncée et ainsi mise en œuvre avec la publication de la liste des médias autorisés a aussitôt soulevé une vague de critiques dans le rang des médias qui, malheureusement, n’ont pas retrouvé leur nom sur la liste rendue publique.
Des accusations d’instrumentalisation politique
Parmi les exclus, des groupes de presse associés à des figures de l’opposition, tels que D Media (propriétaire de Zik FM et Sen TV), dirigé par Bougane Gueye Dany, ou encore Le Quotidien de Madiambal Diagne, ont dénoncé une tentative de museler la presse critique envers le régime. Bougane Gueye Dany a qualifié cette initiative de « manoeuvre vicieuse » visant à asphyxier son groupe, tandis que l’administrateur de Le Quotidien, Saliou Diagne, évoque une volonté délibérée de sélectionner les médias en fonction de leurs affinités politiques.
En 2023, plus de 500 médias bénéficiaient encore du Fonds d’appui au développement de la presse, ce qui rend cette réduction drastique d’autant plus controversée. Pour certains acteurs, cette décision pourrait provoquer une crise majeure dans le secteur médiatique et limiter le pluralisme de l’information au Sénégal.
Un objectif de régulation selon le gouvernement
Le gouvernement, de son côté, justifie cette démarche comme une mesure nécessaire pour garantir la transparence et assurer que seuls les médias conformes au Code de la presse puissent opérer. Cette rationalisation est également présentée comme une réponse aux défis liés à la prolifération des médias informels et à la distribution inefficace des ressources publiques.
Avec cette décision, le Sénégal amorce une réforme importante du paysage médiatique, mais les tensions qu’elle suscite soulignent les enjeux complexes d’un équilibre entre régulation et liberté de la presse.