Olivier Monodji, journaliste et directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays au Tchad, a été placé sous mandat de dépôt après avoir été inculpé pour plusieurs charges graves, dont « intelligence avec une puissance étrangère ». Il avait été arrêté le 5 mars et placé en garde à vue à la Coordination de la police judiciaire de Ndjamena, sans que les raisons de son arrestation ne lui soient communiquées jusqu’alors.
Correspondant de RFI au Tchad, le journaliste Olivier Monodji est désormais sous mandat de dépôt. Les accusations qui pèsent contre lui ont en effet, été révélées après son audition par le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance (TGI) de la capitale tchadienne. Celui-ci, rapporte le média français, a précisé que des documents ont été présentés, suggérant que des ressortissants tchadiens auraient transmis des informations sur la sécurité et l’économie du pays à une puissance étrangère, sans toutefois en préciser l’identité. Olivier Monodji et trois autres individus, dont un journaliste du service public, ont donc été mis sous enquête.
Dans une déclaration publiée par le média Alwihda Infos, le Procureur Oumar Mahamat Kedelaye a par ailleurs indiqué que les inculpés étaient chargés de « faits constitutifs d’intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique du Tchad, à ses intérêts économiques, de complot contre l’État et de complicité ». Par conséquent, une information judiciaire a été ouverte pour déterminer la responsabilité de chacun des accusés.
Des accusations et un appel à la clarification des faits
Le doyen des juges d’instruction a ensuite inculpé les quatre hommes, dont Monodji, pour des infractions graves telles que « intelligence avec l’ennemi », « complot » et « atteinte à la sécurité du territoire national », des crimes passibles de 20 à 30 ans de prison, selon l’un des avocats de Monodji. Ce dernier, Me Amos Allahta, a dénoncé un dossier qu’il juge « vide », affirmant que, lors de son audition à la police judiciaire, Monodji avait uniquement reconnu avoir publié des coupures de presse sur son site du Le Pays, des informations au caractère publicitaire et non confidentiel.
Me Allahta a souligné qu’aucune preuve concrète n’avait été fournie pour justifier les accusations de complicité avec une puissance étrangère. « On ne nous a pas dit ce que M. Olivier a fait concrètement », a-t-il relevé.
Dans l’attente d’une instruction approfondie, les quatre inculpés ont été transférés à la maison d’arrêt de Klessoum à Ndjamena, où ils ont été incarcérés. Cette arrestation, apprend Africaho soulève cependant des inquiétudes dans le rang des professionnels des médias au Tchad. Les charges notamment portées contre le journaliste dont les écrits sont d’ailleurs jugés par certains comme relevant de la liberté d’expression et non de la trahison.