Le calme a déserté Lomé. Depuis deux jours, la capitale togolaise vit sous haute tension. Ce vendredi, pour la deuxième journée consécutive, des manifestants sont descendus dans les rues pour demander la démission de Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005. En réponse, les autorités ont déployé un impressionnant dispositif sécuritaire, et la répression s’est intensifiée.
Tirs de gaz lacrymogènes, bastonnades et rafles policières, tel est le mode opératoire du dispositif sécuritaire déployé dans les zones sensibles de Lomé pour contrer les manifestations dirigées contre le régime de Faure Gnassingbé, ce vendredi 27 juin 2025. Selon les informations parvenues à Africaho, plusieurs personnes ont été arrêtées, et d’autres blessées, au cours de cette deuxième journée de mobilisation lancée par des figures de la diaspora togolaise.
A la veille, policiers, gendarmes et militaires, souvent lourdement armés, ont pris d’assaut les quartiers de Bè, Agoè, Akodesséwa et Colombe de la Paix. Dans ces zones, la circulation est difficile, les marchés sont restés fermés, et les habitants vivent dans la peur d’être confondus avec les manifestants. Les forces de l’ordre ne font pas dans la dentelle : gaz lacrymogènes tirés à bout portant, coups de matraque et arrestations musclées.
« J’ai peur de sortir, on entend des coups de feu »
Ce vendredi à Agbavi, un des quartiers de Lomé, la panique est telle que certains habitants n’osent plus quitter leur domicile. « J’ai peur de sortir, mes voisins aussi. On entend des coups de feu, on ne sait pas s’il s’agit de tirs de sommation ou de véritables balles. Les policiers ont arrêté des manifestants à quelques mètres de notre immeuble.», a confié à Africaho un résident d’Agbavi, joint ce vendredi 27 juin.
« Les véhicules militaires circulent à vive allure, c’est la panique totale. On ne sait pas quand est-ce que tout ça va finir », s’inquiète A. Odile, une résidente de Lomé contactée par notre rédaction. « Mon commerce est à l’arrêt, j’ai fermé ma boutique, tout ça va finir quand ? J’ai des tontines à payer et des enfants à nourrir », s’interroge une commerçante de Lomé.
À l’origine de ses mobilisations, des appels à manifester lancés par des membres de la diaspora, des blogueurs et des artistes, pour dénoncer ce qu’ils appellent la dérive autoritaire du régime de Faure Gnassingbé. Pour tenter d’étouffer le mouvement, les autorités ont coupé l’internet à l’échelle nationale, afin de priver les manifestants de leur principal canal de communication.
Mais malgré cette chape de plomb sécuritaire, la colère gronde toujours. Et plus la répression s’intensifie, plus la fracture se creuse entre une population en quête de liberté et un pouvoir décidé à écraser toute contestation. Le Togo retient son souffle, Lomé vit dans la peur, et l’issue de cette confrontation reste incertaine.
Une reforme constitutionnelle contestée!
Au Togo, la réforme constitutionnelle du 6 mai 2024, a transformé le régime politique togolais en régime parlementaire. Si, sur le papier, le président de la République n’est plus élu au suffrage universel, le pouvoir reste entre les mains de Faure Gnassingbé, désormais président du Conseil des ministres, et chef incontesté du parti majoritaire. Une situation perçue comme un simple relookage du pouvoir présidentiel pour prolonger un règne commencé en 2005.