Le pasteur Michel Alokpo, rapporteur du Comité de pilotage (COPIL) chargé de l’audit du fichier électoral au Bénin, a dénoncé de graves irrégularités dans le processus de sélection des experts. Il pointe du doigt des pratiques « frauduleuses » et cite nommément un responsable du comité.
Que se passe-t-il au sein du comité chargé de l’audit du fichier ? À moins de deux mois de la fin des travaux de l’audit du fichier électoral, la parole du rapporteur du COPIL a fait une sortie inquiétante. Au micro d’ESAE TV, Michel Alokpo a révélé de nombreuses anomalies dans le processus de recrutement des experts techniques, allant jusqu’à parler de tentatives de manipulation des résultats électoraux futurs.
Selon ses propos, le processus de sélection, prévu en deux phases (étude de dossiers et entretien), a été délibérément contourné. Le pasteur met en cause le syndicaliste Bachabi Moudachirou, président de la commission de recrutement, qu’il accuse d’avoir conduit des sélections biaisées.
Il cite notamment le cas d’un candidat expérimenté pour le poste de contrôleur financier, écarté sans justification réglementaire. « Un monsieur a exercé comme contrôleur pendant des années. Le recaler pour son âge est inacceptable », s’offusque-t-il.
Rapport non « transparant »
Michel Alokpo affirme également que le rapport final du comité a été rédigé sans sa participation, ni même concertation : « Je n’ai pas signé ce rapport. Ils l’ont finalisé entre eux, sans transparence ». Plus grave encore, il alerte sur une violation manifeste des procédures : la réduction du délai de dépôt des candidatures de 30 à 10 jours, contre les Termes de Référence initiaux. « Ils savaient déjà qui allait postuler », soutient-il, dénonçant un processus taillé sur mesure pour favoriser des profils prédéfinis.
Un audit réclamé par l’opposition et soutenu par Talon
Mis en place le 8 janvier à la suite d’une requête du parti d’opposition Les Démocrates, le comité de pilotage regroupe six membres (quatre de la société civile, un de la majorité, un de l’opposition). Sa mission est de superviser un audit indépendant du fichier électoral, dans la perspective des élections générales de 2026. Le budget de 159 millions de FCFA, approuvé le 19 février par le conseil des ministres, est financé par l’État. Reste à savoir si ces déclarations ne jettent pas du discrédit sur le travail du comité dirigé par le « Monsieur anti-corruption » Jean-Baptiste Elias.