Bavures policières au Sénégal : le gouvernement annonce des réformes après Cambérène et Rosso

Paul Danongbe
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Bassirou Diomaye Faye, Président du Sénégal.

De retour d’Espagne, où il participait à une conférence à Séville, Bassirou Diomaye Faye a réagi aux bavures policières enregistrées récemment dans les localités de Cambérène et Rosso. Dans une déclaration solennelle, il a annoncé des réformes.

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Au Sénégal, les localités de Cambérène et Rosso sont devenues, en l’espace de quelques jours, les symboles d’une rupture inquiétante entre une partie de la population et les forces de l’ordre. À Cambérène précisément, des images choquantes montrant un manifestant utilisé comme bouclier humain ont provoqué une onde d’indignation. À Rosso, la mort d’un jeune homme après une intervention policière continue d’attiser la colère. Ces événements ont ravivé un débat de fond sur les pratiques sécuritaires au Sénégal.

En réaction, le Chef de l’Etat a exprimé son indignation. : « La mort d’un citoyen dans le cadre d’une interpellation ne peut jamais être considérée comme un simple incident. », a déploré Bassirou Diomaye Faye. Dans une déclaration consultée par Africaho, il a ordonné l’ouverture immédiate d’enquêtes sur les cas de ces deux localités, placées sous la responsabilité du ministre de l’Intérieur et du directeur général de la police nationale.

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L’instruction est claire : faire toute la lumière sur les circonstances des interventions, établir les responsabilités sans complaisance, et prendre des mesures concrètes. « Il ne s’agit plus de discours, mais d’exigence de justice et de redevabilité », a insisté en effet, le chef de l’État.

Vers une réforme structurelle de la police ?

En évoquant la nécessité de « réformes de la police », le président ouvre ainsi la voie à une refondation du modèle sécuritaire national. Depuis plusieurs années, les critiques se multiplient par ailleurs, contre certaines pratiques : usage disproportionné de la force, manque de formation sur les droits humains, et sentiment d’impunité dans certaines unités.

Les « scènes insoutenables » évoquées par le président mettent en lumière le fossé qui s’est creusé entre les missions assignées aux forces de sécurité et les réalités de terrain. Pour être crédible, la réforme annoncée devra également dépasser le cadre administratif et s’attaquer aux racines du problème : renforcement de la formation éthique, mécanismes de contrôle indépendants, transparence des enquêtes internes, et refonte des règles encadrant l’usage de la force.

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Des actes forts attendus du gouvernement

Au-delà des responsabilités individuelles, c’est entre autres, la légitimité même de l’institution policière qui est en jeu. Dans un contexte de crispation sociale, le gouvernement est attendu sur des actes forts après ces bavures policières. Pour une partie de l’opinion, cette crise peut aussi être l’occasion pour le gouvernement d’entrer davantage dans l’estime des populations, si elle débouche sur une véritable culture de responsabilité et de respect des droits. C’est ce que pense en effet, Khalif, un jeune étudiant en droit à l’Université Cheikh Anta Diop, interrogé par Africaho à Dakar. “C’est déjà heureux de savoir que Diomaye Faye veut sévir après ces dérives qui relèvent carrément d’une animosité sans pareille. Ils feront bien (le gouvernement) d’aller jusqu’au bout en situant les responsabilités et en punissant les auteurs.

La suite dépendra de la volonté politique d’aller au bout du processus enclenché. Et de la capacité de l’État à montrer que nul n’est au-dessus des lois — pas même ceux chargés de les faire appliquer.

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