Bénin : Candide Azannaï livre sa recette pour faire adopter une loi d’amnistie

Paul Danongbe
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Candide Azannai

Après leur investiture en tant que membres de la neuvième mandature à l’Assemblée Nationale, les députés du parti d’opposition Les Démocrates ont introduit en mars 2023, une proposition de loi portant amnistie. Cette disposition légale, soutiennent les initiateurs, est rédigée pour faciliter la décrispation, la pacification et la réunification. Un  loi en faveur « des personnalités politiques en prison [et] les personnalités politiques béninoises en exil » et dont les principales sont par ailleurs, Reckya Madougou, Joël Aivo, Komi Koutche, Sébastien Adjavon, Léhady Soglo et autres.

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Mais cette proposition de loi, loin de recevoir l’assentiment des partisans du pouvoir, encore moins celui du Chef de l’Etat béninois lui-même, n’est pas bien perçue par tous les acteurs de l’opposition. Du côté de Restaurer l’Espoir, la démarche de Nourénou Atchadé, Eric Houndété et Boni Yayi, aujourd’hui président du parti, manque de pertinence et de sincérité. Et c’est d’ailleurs, avec illustration technique à l’appui que Candide Azannaï l’a démontré le dimanche 17 décembre 2023 dans une émission sur Bip Radio.


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“Un faux jeu”

“L’existence de la loi 2022-19 pose un problème sur le sérieux de ceux qui demandent aujourd’hui une loi d’amnistie”, a relevé le président de Restaurer l’Espoir qui dit mener une résistance pacifique face au pouvoir Talon qu’il juge d’ailleurs dictatorial. Il explique : “tout comme la grâce n’efface pas les faits, l’amnistie ne s’adresse pas aux personnes, l’amnistie efface les faits Or, si l’amnistie en effaçant les faits, innocentent les faits comme s’ils n’ont jamais existé et les personnes qui étaient dans les liens de ces faits sortent”. Dans son développement, l’ancien ministre apporte une clarification.

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“Il faut interroger les faits connus par la justice”, suggère-t-il. En effet, Candide Azannaï fait ainsi observer que les responsables du parti Les Démocrates sont ”soit dans la production de l’ignorance pour manipuler la population, soit de mauvaise foi, soit des maitres de théâtre”. L’acteur politique souligne par ailleurs que les faits qui sont notamment reprochés à Reckya Madougou, Joël Aivo et autres ne sont pas des faits politiques. “Cet enfermement dans des faits qui ne sont pas politiques pose un problème sur l’entêtement de ceux qui disent qu’ils défendent les prisonniers et les exilés”, ajoute-t-il.

On doit à toutes les sollicitations de Patrice Talon faire un préalable. Le préalable est que les personnes enfermées soient sorties, les exilés reviennent et qu’il y ait un engagement fort de reculade vis-à-vis des transgressions enregistrées sur la démocratie et sur les libertés. On ne va pas discuter en catimini et mettre en concurrence les problèmes privés personnels avec les problèmes de l’intérêt général.

Candide Azannaï


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La recette pour faire prospérer l’amnistie

Interrogé sur comment procéder pour qu’une proposition de loi sur l’amnistie puisse prospérer, Candide Azannaï dévoile trois manières. La première astuce selon lui, c’est quand “le fait incriminé enferme et le pouvoir, et les hommes qui ont tiré, et ceux qui sont supposés être les auteurs de vandalisme. Il cite ensuite, les cas où, il y a un rapport de forces politiques pour contraindre le pouvoir”. Et c’est en cela, dit-il, que l’homme de la résistance pacifique appelle les Béninois à le différencier de l’opposition aujourd’hui au parlement. Car, clame-t-il : “nous autres sommes enfermés dans la vision et la super structure de l’Etat et d’autres sont enfermés dans les intérêts particuliers”.


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Le rejet de la proposition de loi sur l’amnistie

Ces propos du président de Restaurer l’Espoir sont intervenus quelques jours avant l’examen de la proposition des démocrates par la Commission des lois à l’Assemblée Nationale. En effet, ce mercredi 3 janvier 2024, Orden Alladatin et ses collègues de la commission ont rejeté la proposition par un vote sanctionné par 17 voix contre et 6 pour. Ce rejet qui rejoint ainsi, la posture du président de la République qui, lors d’un récent entretien télévisé a martelé une fois encore qu’il ne comptait pas donner sa bénédiction à une loi portant amnistie sera sans doute, corroboré par la plénière qui agira dans la meme dynamique. Car, faut-il le rappeler, c’est le vote de la plénière qui fait objet de foi. Et ce ne sera pas une surprise si en plénière, elle est aussi rejetée.

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