Membre du parti Les Démocrates, Daniel Edah a adressé samedi 1ᵉʳ novembre 2025, une lettre ouverte à Patrice Talon à propos de la proposition de loi sur la révision de la constitution qui évoque la création d’un Sénat. Dans sa correspondance consultée par Africaho, il demande au président béninois de faire passer cette réforme par voie de référendum.
Révision de la constitution au Bénin : Daniel Edah réclame un référendum
Et si les populations décidaient de la création ou non d’un Sénat au Bénin ? C’est ce que souhaite Daniel Edah. Le candidat malheureux à la candidature du parti Les Démocrates à la présidentielle du 12 avril 2026 l’a d’ailleurs fait savoir dans une lettre ouverte adressée à Patrice Talon. Dans sa correspondance rendue publique le 1ᵉʳ novembre 2025, il appelle le chef de l’État en fin de mandat à privilégier le recours au référendum plutôt que ce qu’il a appelé un « passage en force » à l’Assemblée nationale.
Peu avant que Daniel Edah n’adresse sa lettre à Patrice Talon, un projet de révision constitutionnelle, déposé par les députés Aké Natondé de l’Union Progressiste le Renouveau et Assan Séïbou du Bloc Républicain, suscitait déjà de vives interrogations à quelques mois de la présidentielle de 2026. Le texte ainsi introduit par les deux députés, tous, soutiens du pouvoir de Patrice Talon prone notamment la création d’un Sénat. Selon l’un des initiateurs du texte, cette reforme vise à renforcer l’architecture institutionnelle du pays. Le Sénat, tel que prévu par sa proposition, devra veiller à la stabilité politique, la continuité de l’État et au débat politique contradictoire constructif. Ainsi, il va concourir à garantir la sauvegarde et le renforcement des acquis de développement de la Nation, de défense du territoire et de sécurité publique.
Une initiative qui pour Daniel Edah survient dans un contexte politique tendu, marqué par la fragilisation du principal parti d’opposition, Les Démocrates, son parti, après la démission de plusieurs de ses élus. Une situation qui, selon lui, a levé la minorité de blocage qui s’était jusque-là opposée à toute modification de la Loi fondamentale.
« Le terrain semble désormais favorable à son adoption », écrit-il d’ailleurs, estimant que le projet, introduit en fin de législature, est « politicien et opportuniste ». Bien qu’officiellement porté par des parlementaires, Daniel Edah affirme que le texte émane en réalité du pouvoir exécutif : « Nul n’est dupe, le peuple comme vous-même sait que ce projet de révision est avant tout le vôtre », lance-t-il à Patrice Talon, l’invitant à prouver le contraire.
Si cette révision vous paraît indispensable, alors permettez au peuple souverain de se prononcer par référendum.
Daniel Edah
L’homme politique avertit contre les risques d’une réforme conduite dans la précipitation, qu’il juge porteuse « d’instabilité institutionnelle et d’insécurité juridique », susceptibles de « décourager davantage l’investissement direct étranger ». Pour lui, la mandature actuelle n’a « plus la légitimité morale » pour mener une réforme d’une telle ampleur à la veille d’un scrutin présidentiel.
Dans son courrier, il relève que passer par voie référendum pour adopter la création du Sénat serait un « geste d’élégance politique et de respect envers un peuple qui, en 2016, vous a choisi pour rompre avec la dictature du développement ».
Daniel Edah conclut sa lettre en exhortant le président à « faire un usage mesuré de son autorité » et à « différer ce projet de révision constitutionnelle » pour préserver la paix et la stabilité du pays, rappelant qu’« aucune violence d’État ne peut arrêter un peuple exaspéré, acculé et déterminé ».
