Le groupe parlementaire “l’Union Progressiste le Renouveau” a tenu jeudi 22 Juin 2023 au siège du parti à Porto-Novo, une conférence de presse au cours de laquelle il a fustigé les contestations observées dans le rang des députés démocrates depuis l’installation de la neuvième législature à l’Assemblée Nationale. En réponse, les députés du parti d’opposition lors d’un meeting samedi 24 juin à Ouassa-Pehunco ont indiqué sous l’égide du député Nourénou Atchadé, président du groupe parlementaire “Les Démocrates” que leurs collègues de la mouvance présidentielle, ont manqué une occasion de «se taire». Dans une tribune publiée mardi 27 juin 2023 sur les réseaux sociaux, Jean-Eudes Mitokpè a relevé les failles dans l’argumentaire de Nourénou Atchadé. Lire l’intégralité de sa réflexion.
Les Démocrates sont sur le devant de la scène. La récente réaction de Nourénou Atchadé, président du groupe parlementaire du parti, face aux critiques de l’Union Progressiste le Renouveau (UPR), révèle la délicate position du parti en tant que minorité parlementaire. Toutefois, cette réaction a également mis en lumière des failles dans l’argumentation du parti, qui semble faire l’impasse sur certains aspects fondamentaux de la démocratie parlementaire.
L’une des accusations majeures portées par Atchadé contre l’Union Progressiste le Renouveau concerne l’allocation des postes au sein de l’Assemblée Nationale et des institutions régionales. Selon lui, l’UPR aurait monopolisé ces positions, n’offrant que des miettes aux Démocrates. Toutefois, cette dénonciation, bien que légitime dans son essence, manque de considération pour l’aspect élémentaire de la politique parlementaire. Doit on l’apprendre aux Démocrates? Non ! La majorité gouverne.
Les Démocrates, malgré leur ferveur, sont en minorité au Parlement. Ils doivent, par conséquent, s’adapter à cette réalité et remodeler leur stratégie politique en conséquence. Il ne s’agit pas de s’aligner sans condition sur les positions de la majorité, mais plutôt de développer des moyens plus subtils et efficaces pour influencer les décisions et les lois.
Un autre aspect à prendre en compte est la critique d’Atchadé selon laquelle l’UPR serait “perturbée” par le principe de contradiction. C’est ici une vision réductrice de la politique parlementaire, où la contradiction et le débat sont les fondements même de l’activité législative. En tant que parti d’opposition, les députés démocrates doivent s’attendre à cette résistance et l’exploiter de manière constructive pour défendre leur cause.
C’est là que réside un autre problème : l’affirmation que les Démocrates sont prêts à soutenir certains projets de loi de la majorité. Cette ouverture est louable, mais elle nécessite une réflexion stratégique. Comment peuvent-ils influencer les décisions et les lois alors qu’ils sont minoritaires?
Il serait essentiel de développer une stratégie réaliste basée sur leur position de minorité parlementaire. Ils doivent donc chercher des soutiens et des appuis avec le BR également minoritaire au parlement. De plus, il serait opportun de repenser leur communication. Au lieu de se concentrer uniquement sur les critiques, il serait plus productif de présenter des alternatives concrètes, qui pourraient apporter une plus-value au débat parlementaire.
Enfin, le parti doit également considérer la nécessité d’une formation continue de ses députés, pour qu’ils puissent défendre efficacement leurs positions dans le cadre complexe du Parlement. Ces pistes ne sont pas une formule magique, mais elles représentent une voie potentielle pour améliorer la position des Démocrates au sein de l’Assemblée nationale. Le parcours est long et semé d’embûches, mais avec une stratégie bien définie et une détermination sans faille, il est tout à fait possible de faire entendre sa voix, même en tant que minorité.