En poste aux côtés de Patrice Talon depuis son arrivée au pouvoir en 2016, Johannes Dagnon, proche collaborateur et cousin du chantre de la rupture s’est vu destitué de son fauteuil de Conseiller spécial du Chef de l’Etat. Tout de suite, et dès que l’information est tombée dans le domaine public, ce fut la grande surprise. Pour les uns, les fondements de cette destitution – basées notamment sur des spéculations doivent avoir un lien avec la succession de Patrice Talon en 2026.
Mais depuis les dernières heures, apprend Africaho, les raisons de ce limogeage sont multiples. En effet, dans une parution jeudi 11 avril, Jeune Afrique indique que les divergences entre Patrice Talon et Johannes Dagnon portent sur certains sujets, notamment celui de la crise intervenue depuis le 26 juillet 2023 au Niger avec la destitution de Mohamed Bazoum. Johannes Dagnon, encore Conseiller spécial du président béninois qui a pris des positions controversées dans cette crise, aurait tenté à plusieurs reprises de convaincre Patrice Talon de modérer sa position envers la junte nigérienne dirigée par Abdourahamane Tiani. Le média panafricain relève à cet effet que Dagnon a tenté en vain de faire comprendre à son cousin que cette position pourrait avoir des répercussions économiques pour le Bénin.
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La présidentielle de 2026, la principale pomme de discorde
En plus de ce premier motif, Jeune Afrique, évoque également la question de la succession présidentielle en 2026 qui est par ailleurs, l’autre point sur lequel, les deux hommes ne s’accordent pas. Johannes Dagnon aurait plaidé pour un débat au sein de la majorité présidentielle et pour des discussions avec l’opposition, des suggestions qui selon le média, n’ont pas été du goût du président en fin de mandat au Bénin en 2026. De plus, des rumeurs de candidature de Dagnon à la présidentielle de 2026 ont déclenché la colère du président.
Les relations entre les deux hommes se sont détériorées davantage lorsqu’un groupe de jeunes entrepreneurs a évoqué la possibilité d’une candidature de Dagnon à la présidentielle de 2026 lors d’une réunion présidée par Talon lui-même. Cette initiative a suscité la colère du président, ainsi que la publication d’un communiqué par des proches de Dagnon dénonçant une “utilisation trompeuse” de leur présence à cet événement.
En effet, Benjamin Dako, Urbain Amègbedji et Arnaud Zannou, à la fois proches de Patrice Talon que de Johannes Dagnon avaient dénoncé samedi 23 mars dernier à travers une déclaration, et ce, avec indignation lors d’une activité politique le même jour, « une tentative frauduleuse d’utilisation de leur image pour cautionner une éventuelle candidature de Johannes Dagnon à l’élection présidentielle de 2026 ». D’après Jeune Afrique, cette situation a davantage envenimé l’atmosphère déjà pernicieuse entre les deux cousins.
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La goute d’eau qui a débordé le valse
Le média panafricain précise par ailleurs que les trois signataires de la présente déclaration s’étaient ensuite rendus chez le désormais ex-Conseiller spécial du Chef de l’Etat sauf Patrice Talon, encore maitre du jeu; en tout cas pour l’heure. Cette initiative a exacerbé le président béninois qui a reproché à Dagnon son manque de loyauté et ses relations avec d’anciens collaborateurs. S’en est suivie, une confrontation qui a fini par conduire au limogeage de Johannes Dagnon, qui occupait également des postes clés dans plusieurs sociétés publiques.
La bataille de succession semble ainsi s’intensifier au Bénin, avec des factions divergentes émergeant au sein de la majorité présidentielle. Le limogeage de Dagnon pourrait signaler une nouvelle phase dans cette lutte pour le pouvoir.