Le député de l’Union Progressiste le Renouveau, Issa Salifou, élu dans la 1ère circonscription électorale à l’issue des élections législatives du 8 janvier 2023 au Bénin, a été reçu dimanche 3 septembre dernier à Niamey, par Lamine Mahamane Zeine, le Premier-ministre nommé par les autorités militaires au pouvoir au Niger. Cette visite qui ne devrait pas étonner – au regard de la position prise par le député depuis la fermeture de la frontière bénino-nigérienne – a déclenché une polémique évoquant la nature de la relation entre le parlementaire et le président béninois Patrice Talon qui jusque-là, a maintenu sa fermeté vis-à-vis des sanctions de la Cédéao.
Issa Salifou donne-t-il la preuve d’être plus engagé dans la résolution pacifique de la crise nigérienne que Patrice Talon? En effet, membre de la mouvance présidentielle et acteur politique emblématique à Malanville et dans la 1ère circonscription électorale, l’élu de la neuvième législature avait déjà exprimé son désaccord contre les lourdes sanctions économiques imposées par la Communauté des états d’Afrique de l’Ouest et surtout la menace de l’intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions présidentielles et restaurer l’ordre constitutionnel dans le pays, désormais aux mains du Général Abdourahamane Tiani et ses hommes.
De fait, le député généralement désigné par le sobriquet “Saley” s’était déjà désolé que les Chefs d’Etat membres de l’organisation sous-régionale n’aient pas cru devoir consulter le parlement et de surcroît la Commission dont il est le Vice-président avant de prendre les mesures de sanctions contre le Niger, au point d’envisager une intervention militaire. « Tout ce qui s’est passé jusqu’à maintenant, personne ne nous a contactés au niveau du parlement. Tant que la CEDEAO va rester un club de Chefs d’État et ne pas être la CEDEAO du peuple, on va continuer à assister à ces genres de choses. C’est un peu dommage », a-t-il tancé dans une intervention citée par Bénin Web Tv.
« Pourquoi vouloir mettre le Niger tout de suite à genoux, devant une situation pareille ? », s’est-il ensuite, interrogé faisant également allusion aux cas du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée. Dans la perspective d’un retour rapide à la stabilité, Issa Salifou avait invité les Chefs d’État − y compris Patrice Talon − à « revoir leur copie » pour une résolution pacifique et rapide de la crise, dans l’intérêt du peuple nigérien et des peuples des pays voisins. C’est sans doute, dans cet ordre d’idées que le député s’est rendu, il y a quelques jours, à Niamey pour échanger avec les autorités actuellement au pouvoir. Mais sous quelle bannière ?
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La visite de toutes les interrogations
Dans la matinée du dimanche 3 septembre, Issa Salifou, accompagné d’une forte délégation composée d’oulémas de la sous-région, a atterri à bord d’un avion privé sur le tarmac de l’aéroport international Hamani Diori de Niamey. Alors que l’espace aérien n’était pas encore ouvert en ce moment précis, le député de l’Union Progressiste le Renouveau est venu cependant au Niger par ce canal dans le but d’échanger avec les nouveaux dirigeants du pays.
C’est d’ailleurs, Lamine Mahamane Zeine, le Premier-ministre nommé par les militaires qui a reçu la délégation conduite par l’élu du parlement béninois. Objectif de la rencontre: tenter une médiation pour mettre fin au bras de fer qui oppose les autorités auto-proclamées de Niamey aux dirigeants de la Cedeao. A cette occasion, Issa Salifou a essentiellement évoqué la levée du blocus économique et financier qui pèse sur les populations notamment la fermeture des frontières, la suspension des transactions financières, le gel des avoirs du pays à la Bceao et qui éprouvent durement les populations nigériennes en particulier et celles de la sous-région en général.
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La polémique enfle…
Réagissant à cette visite qui n’est inscrite, ni dans l’agenda du parlement béninois ni dans les activités de l’Union Progressiste le Renouveau, le parti du député Saley, plusieurs observateurs ont donné des avis qui s’opposent. Les commentaires ne convergent pas et évoquent d’ailleurs, la nature de la relation entre le député et Patrice Talon qui lui, n’est pas revenu − du moins pour l’instant − sur sa décision de la fermeture de la frontière par exemple. Le Béninois Libéré, un média béninois estime pour sa part que cette démarche de l’élu de la 1ère circonscription électorale est un défi pour Patrice Talon.
D’un autre côté, se trouvent certains observateurs, qui pour leur part, saluent cette visite du député. Pour ces derniers, la posture “plutôt pacifique” de Saley montre instinct patriotique et surtout, sa compassion pour les opérateurs économiques et autres commerçants qui vivent le calvaire depuis que les sanctions économiques ont été imposées au Niger.