Patrice Talon et son gouvernement ont clarifié à travers un nouveau décret en date du 29 octobre 2025, les modalités d’application de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) au Bénin. Obligations des employeurs, droits des assurés et niveau d’accompagnement de l’État, détails…
Bénin : le nouveau décret sur l’Assurance Maladie Obligatoire clarifie les règles d’application
Au Bénin, l’Assurance maladie est désormais obligatoire pour tous. Annoncée depuis 2023 par un décret présidentiel en date du 21 juin de la même année, le texte s’impose à toute personne exerçant une activité rémunérée. Salariés, fonctionnaires, travailleurs indépendants, professions libérales, etc. ont l’obligation de souscrire à une assurance maladie. L’objectif, précise le décret cité, est pour garantir une couverture santé minimale pour l’ensemble de la population, avec des obligations et des prises en charge différenciées selon les catégories socio-professionnelles.
Le 29 octobre 2025, un autre décret présidentiel consulté par Africaho a fixé les conditions d’application de l’Assurance maladie obligatoire. Le décret N° 2025-672 plus précisément précise que la souscription doit se faire auprès de l’Agence nationale de Protection sociale (ANPS) ou d’un organisme d’assurance agréé. Les employeurs du secteur public et privé ont l’obligation d’assurer leurs travailleurs, leurs conjoints et leurs enfants à charge par exemple. Ils doivent financer au moins 80 % de la prime liée au panier de soins de base, le reste étant prélevé sur le salaire du travailleur. Les indépendants, eux, doivent souscrire pour l’ensemble de leur foyer.
Les personnes vulnérables, les autres bénéficiaires de l’AMO
Le décret introduit une prise en charge modulée selon les niveaux de vulnérabilité. On note en effet, la catégorie des pauvres extrêmes où la prime d’assurance est entièrement financée par l’État, sans ticket modérateur. Il y a également la catégorie des pauvres non extrêmes où l’État couvre 50 % de la prime, le reste étant à la charge du bénéficiaire. Il y a par ailleurs, l’autre catégorie constituée des étudiants boursiers, agents et retraités du secteur public. Ces derniers bénéficient d’une prise en charge totale ou partielle prévue selon la gravité du cas par l’Etat.
Le nouveau décret précise que tous les assurés doivent payer un ticket modérateur de 20 % lors des soins, à l’exception des pauvres extrêmes dispensés de toute contribution.
L’Assurance maladie obligatoire prend en compte les soins de l’assuré; son conjoint, s’il ne bénéficie pas déjà d’une assurance personnelle ; jusqu’à quatre enfants à charge, âgés de moins de 21 ans et sans emploi; les enfants souffrant d’infirmité ou de maladie incurable sans limitation d’âge.
Le décret définit clairement un panier de soins de base, centré sur les urgences et les besoins essentiels. Il inclut notamment : le traitement des traumatismes (fractures, blessures, traumatisme crânien) ; les maladies infectieuses fréquentes : paludisme, diarrhées, infections urinaires et respiratoires chez l’enfant ; la prise en charge complète de la maternité : consultations prénatales, accouchements, césariennes, prise en charge des complications ; les prestations d’urgence : hospitalisations, examens de laboratoire et d’imagerie, chirurgie traumatologique, soins intensifs et réanimation.
Des sanctions prévues pour garantir l’application de l’AMO
Pour assurer l’efficacité du système, le décret prévoit des sanctions selon l’impair commis sur le présent décret. Par exemple, tout employeur du secteur privé qui ne respecte pas l’obligation d’affiliation ou la prise en charge d’au moins 80 % de la prime encourt une amende de 200 000 F CFA par employé. Toute fraude ou tentative de fraude aux prestations entraîne une amende de 200 000 F CFA, assortie de l’obligation de rembourser les montants indûment perçus.
Avec ce décret, le pouvoir Talon renforce considérablement l’architecture sociale du Bénin et s’aligne sur les standards internationaux en matière de protection sanitaire. L’Assurance Maladie Obligatoire devient ainsi un droit pour les populations et une obligation pour les employeurs.
