Dans une interview accordée à la presse nationale et internationale, le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, abordé la situation sécuritaire, politique et économique du pays. Il a également exposé sa conception des relations diplomatiques et des rapports avec les médias.
Ibrahim Traoré face aux défis sécuritaires et politiques
Face à la presse à l’occasion de l’an 3 de sa prise de pouvoir le dimanche 28 septembre 2025, le président Ibrahim Traoré est revenu sur sa déclaration de 2022 où il affirmait que « trois mois suffiraient pour mettre fin à la guerre si toutes les conditions étaient réunies ». A ce sujet, le chef de l’Etat du Burkina Faso a reconnu que cet objectif n’avait pu être atteint. En cause, l’adversité de puissances étrangères, le faible taux des stocks d’armement hérités de l’ancien régime et le manque de préparation logistique de l’armée.
Aujourd’hui, grâce à un plan d’équipement massif, à la montée en puissance des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et au développement d’une industrie locale de défense, Ibrahim Traoré assure que la victoire est inéluctable. « Nous ne pouvons que gagner cette guerre », martèle-t-il. M. Traoré a également salué le moral élevé et la résilience exceptionnelle des soldats burkinabè.
Sécurité personnelle et révolution face à l’impérialisme
Pour Ibrahim Traoré, le conflit au Sahel dépasse le cadre du terrorisme. Il s’agit d’une guerre d’indépendance contre des puissances étrangères désireuses de s’accaparer les richesses du sous-sol burkinabè. « Ils pillent nos ressources pour survivre, et veulent nous empêcher de nous développer », explique-t-il. Dans ce contexte, il assume la décision de rompre avec la tutelle militaire occidentale et de bâtir une armée burkinabè formée et entraînée localement, à l’abri de toute influence extérieure.
Parlant de sa sécurité personnelle, le Capitaine Traoré s’est voulu face aux multiples tentatives de déstabilisation et aux tentatives de coup d’État déjouées en 2025. « Je n’ai pas peur. La sécurité est une affaire de tout le peuple ». Tout en reconnaissant les risques, il affirme avoir tiré les leçons de l’histoire des leaders africains éliminés par l’impérialisme. Selon lui, la vigilance, l’anticipation et la participation active de la population sont des garanties pour préserver la révolution en cours.
AES, développement et souveraineté économique
Interrogé sur l’avenir de l’Alliance des États du Sahel (AES), le président Burkinabè a insisté sur la nécessité d’une approche progressive. Pour lui, la confédération actuelle constitue une étape avant une éventuelle fédération. Si certains partenaires comme le Niger participent encore à des initiatives de la CEDEAO, cela ne traduit pas un manque de solidarité mais plutôt une ouverture maîtrisée. « Nous sommes panafricanistes et ouverts, mais sur la base de principes clairs », souligne-t-il.
Au-delà de la défense, Ibrahim Traoré insiste sur l’importance d’exploiter et de transformer les ressources locales afin de briser le cycle de dépendance. La création d’une industrie de défense et l’accent mis sur l’autonomie économique s’inscrivent dans cette logique de souveraineté nationale.
Par ailleurs, le président a évoqué sa relation avec les journalistes, reconnaissant « un brouillard » au début de son pouvoir. Il appelle toutefois la presse nationale à éviter les schémas imposés par l’impérialisme et à se positionner en acteurs de la défense des intérêts nationaux. « Chaque État doit se battre pour ses intérêts, y compris par ses médias », affirme-t-il, tout en félicitant les efforts professionnels constatés ces derniers mois.