Au Burkina Faso, l’Assemblée législative de transition (ALT) a adopté, à l’unanimité, une loi mettant fin à l’existence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Une décision justifiée par la volonté de « rationaliser les institutions » et de « réduire les influences étrangères » dans le processus électoral.
Burkina Faso : plus de Ceni pour organiser les élections dans le pays !
Le régime militaire du capitaine Ibrahim Traoré poursuit sa refondation institutionnelle au Burkina Faso. La Ceni, organe chargé d’organiser les élections depuis plus de deux décennies dans le pays a été supprimé, apprend-on de Jeune Afrique. C’est désormais le ministère de l’Administration territoriale qui aura la responsabilité d’organiser les futures élections au Burkina Faso. Selon le ministre Émile Zerbo cité par le média panafricain, cette décision répond à la nécessité « de refonder l’État, d’aller vers la rationalisation des institutions et de faire des économies sur les dépenses ».
La suppression de la Ceni était une revendication ancienne du pouvoir de transition, qui estimait que l’institution, composée de représentants des partis politiques et de la société civile, avait perdu sa neutralité. Créée en mai 1998 et opérationnelle depuis 2001, la Ceni se présentait pourtant comme une structure « indépendante », garante de la transparence électorale. Ses 15 commissaires, issus de diverses sensibilités politiques, prêtaient serment devant le Conseil constitutionnel.
Officiellement, sa dissolution de la Ceni vise à renforcer l’efficacité administrative et à aligner les structures électorales sur les « priorités nationales de souveraineté ». Mais pour de nombreux observateurs, cette mesure accentue la mainmise du pouvoir exécutif sur le processus électoral, en confiant à un ministère sous tutelle directe du gouvernement la responsabilité de l’organisation des scrutins.
Autre fait qui renforce la réticence de certains acteurs, c’est la période fixée pour la transition qui ne cesse de prolonger. Initialement, cette transition devait prendre fin en juillet 2024, avec la tenue d’élections présidentielle et législatives. Cependant, le régime a prolongé de cinq ans cette période transitoire, invoquant la nécessité de rétablir la sécurité dans un pays toujours en proie à des attaques jihadistes meurtrières.
Selon la charte de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré pourra se présenter aux « élections présidentielles, législatives et municipales » prévues à la fin de cette nouvelle période. Une perspective qui, pour l’opposition en exil et certains acteurs de la société civile, remet en question la sincérité de la promesse d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Pour l’heure, le Chef de l’exécutif burkinabè maintient le cap et continue d’impulser sa dynamique au Burkina Faso qui aux yeux et à la barbe de tous, se développe selon son rythme.
