Le Conseil supérieur de la communication burkinabè sanctionne la VOA après des propos jugés préjudiciables aux forces armées.
Le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso a interdit, ce lundi, la diffusion des programmes de la Voix de l’Amérique (VOA) pour une durée de trois mois. La décision fait suite à la diffusion d’une émission de la chaîne américaine qui a été jugée offensante envers les forces armées burkinabè et maliennes.
La décision du CSC repose sur le contenu de l’émission Washington Forum du 19 septembre 2024, diffusée simultanément sur la radio burkinabè Ouaga FM. Selon l’Agence d’information du Burkina (AIB), le Conseil a constaté “de graves manquements” dans cette émission. L’animateur aurait notamment qualifié de “courageuse” une attaque terroriste perpétrée le 17 septembre à Bamako (Mali) et insinué que les forces combattantes burkinabè n’avaient rien fait pour sécuriser le territoire, en référence à l’attaque terroriste du 23 août 2024 à Barsalgho.
Ces propos ont été jugés de nature à saper le moral des forces armées et à affecter le climat socio-sécuritaire du pays, déjà fortement ébranlé par des années d’insécurité. Depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à une vague de violence due aux attaques terroristes, particulièrement dans les régions du nord et de l’est. En réponse, les autorités burkinabè se montrent de plus en plus strictes à l’égard des médias qu’elles accusent de diffuser des informations préjudiciables à la stabilité nationale.
Des précédents et une ligne ferme contre les médias étrangers
Ce n’est pas la première fois que VOA se trouve sous le coup de sanctions au Burkina Faso. En avril 2024, la chaîne avait déjà été suspendue pendant deux semaines après avoir relayé un rapport d’une ONG accusant l’armée burkinabè d’exactions. Cette nouvelle interdiction s’inscrit dans un contexte de durcissement des relations entre les autorités burkinabè et certains médias internationaux, notamment français.
Depuis plusieurs mois, plusieurs médias occidentaux, tels que Radio France Internationale (RFI), France 24, LCI, ainsi que Le Monde et Jeune Afrique, sont interdits de diffusion sur le territoire burkinabè. Ces mesures visent, selon les autorités, à contrer la diffusion d’informations qu’elles estiment erronées ou “tendant insidieusement à faire l’apologie du terrorisme”.
Dans ce même contexte, le CSC a également décidé de suspendre les synchronisations entre les médias burkinabè et les médias internationaux, une mesure qui renforce davantage le contrôle de l’information sur le territoire national.