Cadre de concertation de l’opposition au Bénin : Richard Boni Ouorou exprime des questionnements

Paul Danongbe
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Richard Boni Ouorou.

Au Bénin, l’acteur politique Richard Boni Ouorou, a pris position sur le cadre de concertation récemment mis en place par les partis d’opposition. Dans une longue réflexion, il souligne les faiblesses structurelles et idéologiques de ce cadre et pose des questions fondamentales sur sa réelle finalité et son utilité pour la société béninoise.

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Le 10 novembre dernier, les partis et mouvements de l’opposition béninoise ont fédéré leurs voix au sein d’un Cadre de concertation pour disent-t-ils, « créer un environnement électoral fiable et démocratique » dans la perspective des élections générales de 2026. Et le premier chantier sur lequel, ce cadre avec à sa tête, le parti Les Démocrates s’est invité est la relecture du code électoral d’une part et l’audit du fichier électoral d’autre part. « Nous ne sommes pas là uniquement pour critiquer et combattre, mais aussi pour proposer des solutions viables et innovantes aux défis que nous rencontrons », a d’ailleurs indiqué Expérience Tèbè, président du Mouvement Populaire de Libération (MPL) et 2è Coordonnateur adjoint du Cadre de concertation de l’opposition.

Mais pour Richard Boni Ouorou, l’idée d’un cadre de concertation n’est pas en soi problématique. Au contraire, il considère qu’un tel mécanisme pourrait, dans un contexte idéal, permettre de débattre et de concevoir une véritable alternative politique face au projet de gouvernance en place. À la faveur d’une réflexion, il désapprouve cependant ce cadre en l’État, qu’il perçoit d’ailleurs comme motivé par des intentions purement politiques et dépourvues d’une orientation idéologique claire.

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« Je suis contre pour des raisons idéologiques et en raison des postures politiques qui ont été les miennes depuis que je prends la parole dans le débat public », affirme-t-il, dénonçant un manque de vision cohérente et stratégique.

Le déficit d’idéologie et de projets politiques

L’un des reproches majeurs formulés par Richard Boni Ouorou est l’absence d’idéologie structurée dans les partis politiques béninois. Il explique que dans les démocraties libérales, les partis se positionnent selon généralement des axes idéologiques – conservateurs, progressistes, centristes ou encore extrêmes. Or, au Bénin, les partis sont difficilement classifiables dans ces catégories.

Revenant également sur l’histoire politique du pays, il rappelle que des formations comme le Parti Communiste du Bénin (PCB), le Parti Social-Démocrate (PSD) et la Renaissance du Bénin (RB) avaient autrefois des affiliations idéologiques identifiables. Mais cette dynamique semble s’être perdue, laissant place à des coalitions de circonstance et des alliances motivées par la quête du pouvoir plutôt que par des projets de société.

Alliances politiques : entre opportunisme et absence de vision

Richard Boni Ouorou observe que depuis la Conférence nationale de 1990, l’accession au pouvoir au Bénin repose davantage sur des alliances électorales que sur des visions claires de développement. Ces alliances, souvent éphémères, se concentrent sur la conquête et la gestion du pouvoir, reléguant les débats de fond au second plan.

Il critique une opposition qu’il perçoit comme systématiquement dans une posture de dénonciation, et une mouvance présidentielle focalisée sur la défense des actions du chef de l’État. Dans ce contexte, il estime que les débats politiques se poursuivent à des confrontations binaires sans réelle offre alternative pour les citoyens.

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Pour Richard Boni Ouorou, le cadre de concertation pourrait pourtant représenter une occasion unique de redéfinir les bases du débat politique au Bénin. Il propose que cette plateforme serve à confronter les visions de société des différents acteurs politiques, afin de rechercher des points de convergence et de bâtir une stratégie cohérente pour répondre aux défis du pays.

Cependant, il a mis en garde contre le risque de transformer cette initiative en un simple espace de revendications ou de critiques stériles. « Si le cadre de concertation n’aboutit pas à des propositions concrètes pour améliorer le bien-être des populations, alors quel en est l’intérêt ? » s’interroge-t-il.

Une invitation à repenser le rôle de la classe politique

En conclusion, Richard Boni Ouorou exhorte les acteurs politiques à dépasser les logiques partisanes pour se hisser au niveau des enjeux auxquels le Bénin est confronté. Pour lui, le cadre de concertation ne doit pas être un prétexte pour perpétuer les travers du passé, mais un moment de réflexion profonde sur la direction qui doit prendre le pays.

Il appelle à un sursaut collectif pour réconcilier les citoyens avec la politique, en manifestant l’idéologie, les projets de société et l’intérêt national au cœur du débat.

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