Madagascar s’associe au Suriname, au Panama et au Bhoutan pour former une coalition inédite : le « G-Zéro », regroupant les pays neutres ou négatifs en carbone. Cette alliance, lancée le 12 novembre 2024 à Bakou lors de la COP29, milite pour la reconnaissance officielle de ce statut et l’attribution de financements spécifiques pour le préserver.
Avec moins de deux tonnes de CO2 émises par an et par habitant, Madagascar fait désormais partie des nations qui absorbent plus de carbone qu’elles n’en émettent, grâce à sa biodiversité exceptionnelle et sa faible densité de population. « Ce statut mérite des contreparties financières », a plaidé Max Fontaine, ministre de l’Environnement, à la tête de la délégation malgache.
Le ministre insiste sur l’importance d’une « justice climatique ». Selon lui, Madagascar, acteur clé de la lutte contre le changement climatique, ne devrait pas être contraint de s’endetter pour financer des projets d’adaptation. Ces fonds doivent être des subventions ou des dons. C’est une responsabilité mondiale d’aider Madagascar à faire face aux effets du changement climatique, a tenté d’expliquer ce dernier.
Une menace croissante sur le statut de puits de carbone
Cependant, ce rôle de puits de carbone est en péril. Les émissions de gaz à effet de serre augmentent, et Madagascar pourrait devenir un pays émetteur dès 2026. Entre 2001 et 2023, l’île a perdu un million d’hectares de forêts primaires humides, soit l’équivalent de la région Menabe, selon Global Forest Watch. Ces pertes, aggravées par des feux de brousse incontrôlés, fragilisent sa capacité naturelle d’absorption du CO2.
En parallèle, Madagascar s’oriente vers un développement économique qui repose en partie sur l’industrialisation. « Nous ne sacrifierons pas le développement et le bien-être de notre population uniquement pour la cause environnementale », a déclaré Max Fontaine. Il a toutefois affirmé l’engagement du gouvernement en faveur d’un développement durable, tout en rappelant que la priorité reste de répondre aux besoins fondamentaux des Malgaches.
Malgré cette visibilité accrue sur la scène climatique internationale, les moyens alloués à l’environnement restent modestes. Le budget du ministère de l’Environnement ne représente pas plus de 1 % du budget général de l’État, une contradiction face aux ambitions affichées par le pays à la COP29.
La coalition « G-Zéro » représente une opportunité pour Madagascar de renforcer son rôle sur la scène internationale, mais aussi de mettre en lumière les défis auxquels elle est confrontée pour préserver son statut de modèle écologique.