Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a été destitué ce samedi par le Parlement, accusé d’avoir tenté d’imposer la loi martiale pour entraver l’action des députés. Cette décision qui suspend ses fonctions, doit encore être validée par la Cour constitutionnelle, un processus qui pourrait durer plusieurs mois.
Dans un vote historique, le Parlement sud-coréen a adopté, samedi 14 décembre 2024, une motion de destitution contre le président Yoon Suk-yeol. Cette décision intervient à la suite de son initiative controversée de décréter la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre, une tentative visant à empêcher les députés de se réunir pour débattre de sa politique jugée de plus en plus autoritaire.
Sur les 300 parlementaires, 204 ont voté en faveur de la destitution, tandis que 85 s’y sont opposés. Trois députés se sont abstenus et huit votes ont été déclarés nuls, selon les chiffres communiqués par le président de l’Assemblée nationale. À l’extérieur du Parlement, des dizaines de milliers de manifestants, rassemblés pour exprimer leur mécontentement envers le président, ont accueilli la nouvelle avec des scènes de liesse.
La destitution de Yoon Suk-yeol est la deuxième de l’histoire de la Corée du Sud, après celle de Park Geun-hye en 2017. Toutefois, ce processus demeure suspendu à la validation de la Cour constitutionnelle, qui dispose d’un délai de 180 jours pour statuer. En attendant, l’intérim sera assuré par le Premier ministre Han Duck-soo.
L’épisode rappelle également la destitution du président Roh Moo-hyun en 2004, invalidée deux mois plus tard par la Cour constitutionnelle. Le sort politique de Yoon Suk-yeol, déjà très impopulaire, dépendra donc de cette prochaine étape judiciaire.
Un président au cœur de la controverse
Âgé de 63 ans, Yoon Suk-yeol a déclenché un tollé national et international en mobilisant l’armée contre le Parlement, une mesure perçue comme une dérive autoritaire inédite dans le pays. Son geste a été fermement condamné par l’opposition et par une large frange de la population, déjà mécontente de sa gestion des affaires publiques.
Park Chan-dae, chef du groupe parlementaire du Parti démocrate, principale formation d’opposition, a salué la décision du Parlement. « La destitution d’aujourd’hui est la grande victoire du peuple et de la démocratie », a-t-il déclaré à l’issue du vote.