Après près de quatorze ans, l’Etat ivoirien a enfin ordonné la remise de 14 corps de victimes qui ont péri dans les violences post-électorales de 2010-2011. La cérémonie, qui s’est déroulée dans la principale morgue d’Abidjan, a été marquée par une atmosphère de recueillement alors que l’imam de la mosquée de Marcory a prié pour le repos des âmes des défunts. Ces victimes avaient perdu la vie lors des violences survenues dans les communes d’Abobo et Yopougon à cette époque tumultueuse de l’histoire ivoirienne.
L’attente des familles a été longue et douloureuse, comme en témoigne Niogé Ouattara, qui a perdu sa fille lors des événements de mars 2011 : « Quand vous perdez quelqu’un et que vous ne savez même pas où vous l’avez enterré… elle était enterrée dans une fosse commune. Ils sont allés faire des tests ADN, ils l’ont retrouvée et restituée aujourd’hui, c’est une bonne chose que je puisse l’enterrer dignement », confie-t-il.
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Cette restitution des corps marque un moment de soulagement pour les familles endeuillées, mais aussi un rappel poignant des années de deuil et de souffrance. Youssouf Diabaté, frère d’une des quatorze victimes, exprime la difficulté à faire le deuil après tant d’années : « Ces victimes sont aujourd’hui des martyrs pour notre pays. Mais quatorze années de deuil, c’est beaucoup ».
Selon les autorités, ces corps avaient été conservés après la crise post-électorale pour les besoins d’enquêtes et d’identification. Maintenant que les procédures administratives et judiciaires ont abouti, l’État de Côte d’Ivoire a décidé de les restituer aux familles. Chaque famille a également reçu une aide financière de 1 500 000 francs CFA (environ 2 200 euros) de la part du gouvernement, bien que cette aide ne puisse pas atténuer la douleur des familles endeuillées.