Coup d’Etat au Niger: Bertin Koovi se désolidarise de Patrice Talon

Paul Danongbe
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Les Chefs d’Etat de la Cédéao ont maintenu leur menace d’une éventuelle intervention militaire au Niger pour libérer le président déchu Mohamed Bazoum et rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays. Le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin se sont déjà dits prêts pour envoyer un contingent militaire qui va participer à l’opération. Mais en ce qui concerne le Bénin, Bertin Koovi, membre du Bloc Républicain, l’une des formations politiques de la mouvance présidentielle fustige cette décision soutenue par le Chef de l’Etat béninois.

 

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Bertin Koovi s’invite dans le débat en cours sur la crise politique qui secoue le Niger. Il a fustigé les mesures de restrictions prises à l’encontre du pays par la Cédéao qui a également réaffirmé sa décision d’intervenir par la force si l’ultimatum qui expire dimanche 6 août à minuit arrive à terme sans que les putschistes ne se soient ravisés. En effet, après une réunion, tenue dimanche 30 juillet 2023 en urgence à Abuja, et ce, sous la présidence du Président en exercice de l’organisation Ahmed Bola Tinubu, les chefs d’Etat-major de l’organisation sous-régionale ont examiné à leur tour, les plans et stratégies militaires pour reprendre le pouvoir au Général Abdourahmane Tchiani et ses hommes au Niger.

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Mais cette résolution n’est pas de nature à garantir la paix et la stabilité dans la sous-région ouest-africaine selon Bertin Koovi. Ce soutien de Patrice Talon s’est simplement désolidarisé des mesures de la CEDEAO et de l’Uemoa contre le peuple frère du Niger. Lesquelles mesures sont d’ailleurs soutenues par son pays qui s’est dit déjà prêt pour intervenir militairement.

Le président de l’alliance Iroko et membre du Bloc Républicain rappelle d’entrée, que le Syndicat autonome des magistrats du Niger a condamné le coup d’Etat contre l’ordre constitutionnel mais a fustigé les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA. « C’est ce que chacun doit faire » a-t-il recommandé selon ses propos rapportés par Nouvelle Tribune. Bien qu’il condamne le coup d’Etat, Bertin Koovi estime cependant, que les mesures prises par les deux organisations sont des sanctions injustes contre le peuple nigérien.

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La démonstration scientifique

Bertin Koovi s’est par exmeple interrogé sur le lien qui existe entre ce qui se passe au Niger et la décision du Bénin de suspendre son contrat de prestations entre le Port Autonome de Cotonou et le pays désormais aux mains du Général Abdourahamane Tchiani.  « Les ruptures de contrat de prestation de service au Port autonome de Cotonou, la rupture de fourniture d’électricité au Niger par le Nigeria ont quelle base juridique ? » s’est-il demandé dans un premier temps avant de poursuivre: « Est-ce que c’est écrit dans le contrat qu’un coup d’Etat au Niger est une force majeure pour rompre le contrat ? »

Le spécialiste de l’économie fondamentale illustre d’ailleurs ses propos par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. En effet, il indique que malgré cette situation plus que tendue entre ces deux pays, le gaz russe est encore livré à l’Ukraine et passe par ce pays (l’Ukraine) pour les pays d’Europe. Il ajoute également que la Russie continue de payer les frais de passage du gazoduc à l’Ukraine. Ainsi donc, le président de l’Alliance Iroko exprime son attachement pour « l’intégration économique » qui selon lui « sera difficile mais impossible dans ses conditions ». Autant il condamne le coup d’Etat, autant il condamne toutes les mesures inégales et suicidaires qui vont ruiner l’économie du Bénin et des pays comme le Nigeria où le kilo de viande a déjà augmenté de 50%, souligne-t-il.

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Est-ce que dans les mesures prises par Patrice Talon et le Bénin, est-ce qu’il y a un dédommagement pour les transporteurs, pour les commerçants, pour les transitaires, pour les pauvres béninois qui vivent du port et de l’activité du Niger au Bénin ?

Bertin Koovi

Le Bénin dans l’égarement…

S’agissant de sa position sur cette crise qui secoue le Niger et des meusres prises par l’Etat béninois, Bertin Koovi ne voit pas d’un mauvais œil que  « le peuple nigérien défende sa souveraineté nationale quoiqu’il en coûte ». Car explique-til, « c’est désormais une question de dignité africaine ».  Par conséquent, il s’est dit gêné que « le Bénin ait décidé de prendre cette voie de l’égarement » alors que le Togo a un port qui n’a pas cessé de fonctionner. En ce qui concerne la fermeture de la frontière du Bénin avec le Niger et la fermeture du Port du Bénin pour les marchandises en route pour le Niger, la position de Bertin Koovi est sans ambages.

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Sur ces deux questions, le promoteur de l’économie fondamentale se désolidarise du Chef de l’Etat béninois qui a pris en synergie avec la Cédéao, une décision qui selon lui, équivaut à « se mettre la corde au cou ». Réaffirmant son soutien à Patrice Talon, il se réjouit de la voie de la construction et du progrès sur laquelle, il a engagé le Bénin. Toutefois, il demande aux dirigeants africains y compris le président béninois, de « cesser de copier les autres » et l’Union européenne. Pour lui, « la Cédéao peut aller faire la guerre au Niger même gagner » mais cette guerre, relève-t-il, se sera toujours illégale, non fondée sur le plan juridique.

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