Quatre (04) jeunes juristes béninois ont saisi la Cour constitutionnelle contre Janvier Yahouédéou, ministre-conseiller en charge des affaires économiques et du numérique. Il est accusé pour avoir fait l’apologie d’un troisième mandat du président Patrice Talon lors d’une sortie médiatique dimanche 9 février 2025.
Le ministre-conseiller Janvier Yahouédéou fait face à un recours devant la Cour constitutionnelle déposé par un groupe de jeunes juristes béninois. Ces derniers l’accusent d’avoir incité à un troisième mandat pour le président Patrice Talon. Selon Banouto, le recours a été déposé jeudi 13 février 2025, en raison de ses déclarations sur la chaîne de télévision nationale, le dimanche 9 février.
En effet, lors de l’émission « Focus », Janvier Yahouédéou avait affirmé : “tant que le Président Talon fait bien, pourquoi le remplacer ?”. “Le Bénin, aujourd’hui, est comme un avion qui décolle. Si vous ne laissez pas cet avion stabiliser et que vous demandez au pilote de redescendre, cela risque de provoquer un crash”, avait ajouté le coordonnateur du collège des ministres Conseillers. D’abord, selon les juristes, ces propos vont à l’encontre des principes constitutionnels du pays, particulièrement en ce qui concerne la limitation du nombre de mandats présidentiels.
Ce que stipule la Constitution révisée en 2019
Ensuite, les requérants rappellent que la Constitution, révisée en 2019, stipule que «nul ne peut, de sa vie, faire plus de deux mandats de président de la République». Toutefois, ils ont souligné que cette règle est claire et a été renforcée par les réformes récentes, rendant toute tentative de prolongation du mandat présidentiel contraire à la loi fondamentale du Bénin.
Ainsi, les juristes se réfèrent également à une décision antérieure de la Cour constitutionnelle, qui en 2014, avait condamné les propos de l’ex-ministre Fatoumata Amadou Djibril, jugés en violation de l’article 42 de la Constitution. La Haute Juridiction avait estimé que l’opinion d’un ministre, compte tenu de son statut, exerce une influence plus grande sur la conscience collective. Elle avait alors réaffirmé l’importance de respecter la limitation des mandats présidentiels inscrite dans la Constitution.
Le souhait des hommes de droit
En déposant ce recours, les jeunes juristes espèrent que la Cour constitutionnelle rappelle l’interdiction de tout appel à un troisième mandat de Patrice Talon. Par ailleurs, les hommes de droit ont réaffirmé que la limitation du nombre de mandats est un principe fondamental de la Constitution béninoise. Cependant, ils demandent que les propos de Janvier Yahouédéou soient jugés comme une violation des articles 34, 35 et 124 de la Constitution. La décision de la Cour pourrait marquer un tournant dans le respect de la Constitution au Bénin.