Au Bénin, les nouveaux membres de la Cour constitutionnelle, ont officiellement été installés dans leurs fonctions à l’issue d’une cérémonie de prestation de serment qui s’est déroulée mardi 6 juin dernier au Palais de la Marina. A la suite de cette cérémonie présidée par le Chef de l’Etat Patrice Talon, le Professeur Dorothé Sossa a été élu par ses pairs pour présider la septième législature de la haute juridiction. Des mois avant l’installation des sept nouveaux sages, l’ancien ministre Ganiou Soglo – citant la rumeur – avait consigné par écrit, ce qui aurait pu être considéré à l’époque, comme une “grossière spéculation” mais qui vient ainsi se réaliser telle une prédiction de l’oracle.
Avocat de profession, Dorothé Sossa préside désormais la Cour constitutionnelle au Bénin. Désigné au même titre que Aleyya Gouda Baco et Vincent Acakpo par le Chef de l’Etat Patrice Talon et ceci conformément à la lettre, mais aussi à l’esprit de l’article 115 de la constitution, l’ascension du juriste à la tête de la haute juridiction semble être porteuse de signes bruyants dont l’écho est allé aux tympans de certains adeptes du landerneau politique béninois. Adeptes des couloirs et fins lecteurs des signes politiques comme le font les vrais prêtres de l’art divinatoire fa, ils ont tôt fait d’ébruiter cette éventualité même si prudemment, ils ont pris la précaution d’imprimer leur prédiction sur le dos de la rumeur comme pour éviter de jouer les trouble-fête.
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C’est visiblement dans cette posture que Ganiou Soglo, l’ex-allié de Patrice Talon, devenu plus tard, l’un de ses opposants s’est illustré en décembre 2022, alors que nous étions encore à cinq mois de la fin du séjour de la 6ème mandature à la Cour constitutionnelle. En effet, dans son essai intitulé “Dix sept minutes pour vivre”, l’ancien ministre de Boni Yayi est revenu sur la génèse de la révision de la constitution intervenue courant novembre 2019. Evoquant les circonstances de l’agression par balle qu’il a subie le 5 février 2021, le fils de l’ancien président Nicéphore Dieudonné Soglo est remonté en 2014 pour établir une synergie d’actions entre Dorothé Sossa et Patrice Talon. Une action coordonnée de plusieurs éléments, mais qu’il a jugé nécessaire d’éclater en deux temps, commençant par décrier ce qu’il a appelé «un recul démocratique» dans lequel, le Bénin serait tombé depuis 2016.
Ganiou Soglo explique…
«Qu’il vous souvienne pourtant qu’en 2014 suite à la décision prise par la cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) de l’OHADA basée à Abidjan qui faisait injonction au gouvernement béninois de payer 129 milliards de FCA de dommages et interets à l’homme d’affaires Patrice Talon (…)», a commencé par rappeler l’ancien ministre dans son essai paru courant décembre 2022 à Paris. L’acteur politique fait ensuite observer que « celui qui officiait en tant que secrétaire permanent de cette organisation sous-régionale était notre compatriote M. Dorothé Sossa qui ensuite présida la commission portant projet de révision de la constitution en 2019 » avant de lâcher l’oracle sous la bannière de la rumeur.
Les rumeurs l’annoncent comme le prochain Président de la Cour constitutionnelle.
Ganiou Soglo, décembre 2022.
Cinq mois plus tard, Dorothé Sossa bénéficie dans un premier temps de la confiance de Patrice Talon qui le nomme conformément à l’article 115 de la Constitution béninoise qui stipule que « la Cour constitutionnelle est composée de sept (7) membres dont quatre (4) sont nommés par le Bureau de l’Assemblée nationale et trois (3) par le Président de la République pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable une seule fois ». Le juriste confirme tout de même la rumeur et succède ainsi à la mandature présidée en deux temps par Joseph Djogbénou et Razack Issifou Amouda. L’oracle s’est-il confié à Ganiou Soglo ou les bruits de couloirs sont simplement parvenus à ses tympans? Chacun des béninois pourrait donc se faire son idée.