Le président ivoirien, Alassane Ouattara, et son homologue français, Emmanuel Macron, ont échangé à l’Élysée sur les tensions institutionnelles au sein de l’Union monétaire ouest-africaine. A cette occasion, il a réitéré son opposition à la présidence tournante de Ouagadougou.
Le Chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara a été reçu mercredi 16 juillet à Paris, par le président français, Emmanuel Macron. Les deux chefs d’État ont tenu un déjeuner en tête-à-tête à l’Élysée. Un tête-à-tête centré sur les enjeux bilatéraux, mais aussi, sur les tensions politiques qui secouent l’Afrique de l’Ouest.
Au menu des échanges, figure en bonne place, la crise institutionnelle qui touche l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont la présidence tournante du Conseil des ministres est au cœur des désaccords.
Refus catégorique d’une présidence assurée par un régime de transition
Alassane Ouattara fermement opposé à la prise de fonction du Burkina Faso à la tête du Conseil des ministres de l’UEMOA
Selon des informations rapportées par Jeune Afrique, lors de cet entretien, Alassane Ouattara a réitéré son opposition claire à la prise de fonction d’un pays dirigé par une transition militaire à la tête du Conseil des ministres de l’UEMOA, tant que celui-ci « n’est pas engagé dans un processus de normalisation ». Une allusion directe au Burkina Faso, pays membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), dont la présidence était prévue dans le cadre du mécanisme de rotation.
Le président ivoirien a notamment exprimé des réserves profondes sur la légitimité politique de tels régimes à diriger une instance stratégique comme le Conseil des ministres de l’Union.
Soutien tacite de la France aux positions des États réticents
De son côté, Emmanuel Macron a affiché sa solidarité avec les pays membres de l’UEMOA qui s’opposent à cette perspective. Le chef de l’État français a indiqué, selon des sources proches de l’Élysée, qu’il se sentait « aligné sur les positions des chefs d’État réticents face à une telle évolution institutionnelle ».
Cette convergence de vues intervient quelques jours après que les représentants du Mali, du Niger et du Burkina Faso ont quitté de manière anticipée, le 11 juillet à Lomé, la 2e session ordinaire du Conseil des ministres de l’UEMOA. Les trois pays de l’AES avaient dénoncé « l’absence de consensus » sur la désignation de la présidence tournante, normalement dévolue à Ouagadougou.
Une impasse institutionnelle aux répercussions politiques majeures
L’impasse actuelle traduit les fractures profondes qui divisent les États membres de l’UEMOA, notamment entre les régimes militaires de transition et les gouvernements élus. Si aucun compromis ne se dessine à court terme, la gouvernance de l’Union pourrait en être durablement affectée.
En se positionnant fermement contre une présidence assurée par un pays non engagé dans une transition démocratique, Ouattara envoie un signal politique fort, soutenu en cela par la France. Reste à savoir si cette ligne dure favorisera une résolution rapide de la crise ou contribuera à un isolement accru des pays de l’AES.