Crise Bénin – Niger : le Parlement de la CEDEAO affiche sa position

Loan Tamin
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Le Parlement de la CEDEAO de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest penche sur la crise survenue entre le Bénin et le Niger depuis le putsch perpétré le 26 juillet 2023 contre Mohamed Bazoum. Réunis du 20 au 25 mai à la deuxième session extraordinaire de l’année 2024, tenue à Kano, au Nigeria, les parlementaires de la CEDEAO ont étudié l’évolution de la crise et pris des dispositions devant permettre de réconcilier les deux “États frères”.

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Ils entendent effectuer dans les prochains jours « des visites de terrain pour comprendre et aider à aplanir les incompréhensions entre le Bénin et le Niger au sujet des récentes tensions observées entre les deux pays frontaliers ».


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Par ailleurs, le Parlement de la CEDEAO a également diagnostiqué le retrait des pays du Sahel (Niger, Burkina Faso et Mali) de la Communauté Économique. Les parlementaires s’inquiétant de l’avenir de l’Organisation déplorent le retrait de ces trois pays “qui ont connu des changements anticonstitutionnels de régime”.

Pour eux, le retrait de ces Nations ne sera pas profitable pour l’Afrique de l’Ouest. Des dispositions ont été donc prises pour faciliter le retour des pays dans la Communauté.

Ci-dessous, le compte-rendu intégral de la session 

Le Parlement de la CEDEAO :

1. Notant que la Sixième Législature du Parlement de la CEDEAO s’est ouverte dans un contexte de menace sécuritaire aggravé par la recrudescence des actes de terrorisme aux frontières de nos différents Etats membres ;

2. Considérant qu’en dépit du professionnalisme de nos armées, la menace terroriste se singularise par son asymétrie et ne peut être jugulée que par la conjugaison des efforts de tous les Etats membres de la Communauté ;

3. Constatant la mise à mal de notre destinée commune par les velléités de retrait de la Communauté de trois de ses Etats membres que sont le Burkina Faso, le Mali et le Niger qui ont connu des changements anticonstitutionnels de régime ;

4. Conscient des conséquences d’un tel retrait sur les populations de la Communauté;

5. Rappelant que les parlementaires de la Sixième Législature ont, dès leur entrée en fonction, choisi de se mettre au travail, afin de jouer pleinement leur rôle et éviter toute perturbation de la Communauté à nous léguée par nos pères fondateurs ;

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6. Conscient de la volonté affichée des Hautes autorités de la CEDEAO de permettre à ces Etats de renouer avec la démocratie, le respect des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de s’émanciper de la situation d’exception dans laquelle se retrouvent les populations ;

7. Rappelant, également qu’au cours de la session inaugurale, les députés de la Sixième Législature, ont salué, unanimement et avec enthousiasme, le retour des parlementaires de la République sœur de Guinée ;

8. Considérant que le Parlement peut se saisir de toutes questions intéressant la Communauté, notamment en matière de respect des droits de l’Homme ou des libertés fondamentales et faire des recommandations, adressées aux institutions et organes de la Communauté conformément à l’article 7 (d) de l’Acte additionnel A/SA. 1/12/16 relatif au renforcement des prérogatives du Parlement de la CEDEAO ;

9. Notant qu’en vertu de cette compétence et soucieux de la préservation de la paix, de la démocratie et de l’unité de la région ; il a mis tout en œuvre pour soutenir la levée des sanctions qui frappaient le Burkina Faso, le Mali et le Niger en vue d’aider à trouver des solutions consensuelles suite aux incompréhensions qui ont pu naitre entre notre organisation commune et ces trois (3) pays frères;

10. Constatant la montée des tensions entre les Républiques du Benin et du Niger depuis le 8 mai 2024;

11. Considérant que l’exercice de cette compétence s’inscrit en droite ligne des efforts inlassables du Président de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, Son Excellence Monsieur Bola Ahmed TINIBU, Président de la République Fédérale du Nigéria et du Président de la Commission de la CEDEAO, Monsieur ALIEU Omar Touray, destinés à préserver les acquis de l’intégration régionale ;

12. Considérant que la priorité des priorités devrait être la consolidation de la paix à l’intérieur et à l’extérieur de la Communauté et que c’est à cette seule condition que nous pourrons espérer une approche chaine des valeurs, basée sur la complémentarité et la recherche afin de prioriser la santé, l’alimentation, la libre circulation des personnes, des biens et des services, les infrastructures énergétiques, de communications et routières afin de donner un nouvel élan à la CEDEAO ;

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13. Pour toutes les raisons sus indiquées :

 Décide de la création d’une Commission Adhoc dénommée Commission Adhoc de facilitation, de médiation et de réconciliation pour le Burkina-Faso, le Mali et le Niger avec pour objectif de trouver des compromis entre les Etats membres désireux de quitter la CEDEAO et les instances dirigeantes de la Communauté ;

 Décide de mener des visites de terrains pour comprendre et aider à aplanir les incompréhensions entre le Benin et le Niger au sujet de récentes tensions observées entre les deux pays frontaliers;

 Prie la Commission de la CEDEAO d’intensifier la montée en puissance de la stratégie de défense commune dans la lutte contre le terrorisme, avec l’accroissement des moyens nécessaires pour l’éradication totale et définitive de ce fléau dans l’espace communautaire ;

 Exhorte la Commission de la CEDEAO à mieux collaborer avec le Parlement communautaire en vue de mettre à sa disposition, toutes les ressources et informations nécessaires dans l’accomplissement de ses missions ;

 Invite la Commission de la CEDEAO à changer radicalement de stratégie de communication pour mieux faire connaitre ses actions auprès des peuples de la Communauté ;

 Lance un appel pressant à la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement ainsi qu’aux Autorités de la transition au Burkina Faso, au Mali et au Niger pour la poursuite du dialogue en vue de sauvegarder la démocratie, l’unité et les intérêts de la Région.


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Bref aperçu sur le Parlement de la CEDEAO

Le Parlement de la CEDEAO a été créé en vertu des Articles 6 et 13 du Traité révisé 1993 de la CEDEAO. Également connu sous le nom de Parlement de la Communauté, il est composé de 115 sièges. Il est en effet, l’Assemblée des peuples de la Communauté et sert de forum de dialogue, de consultation et de consensus des représentants des populations ouest-africaines, visant la promotion de l’intégration.

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