Daabaaru et l’affaire « port de casque à un cadavre » à Sirarou : les dessous d’une controverse médiatique

Paul Danongbe
Lecture : 8 min
Barnabas Orou Kouman, Promoteur du groupe de presse Daabaaru.
Le 4 avril 2024, Daabaaru Tv, média en ligne basé à Parakou dans le Nord du Bénin, a diffusé dans son émission “Jeudi Libre”, une séquence concernant la répression du non-port de casque à Sirarou, un village de la commune de N’dali. L’élément ainsi diffusé présente un sieur nommé Karim Bio Mago, instituteur à l’école primaire publique de Gbégourou dans la commune de N’dali, relatant que les agents de la Police républicaine auraient exigé et obtenu le paiement d’une somme de dix mille (10 000) francs CFA d’un motocycliste transportant un cadavre au motif que le de cujus ne portait pas de casque.
La vidéo devenue virale sur la toile a déclenché une série de réactions qui ont conduit d’abord, à l’ouverture d’une enquête par la police républicaine, comme le précise d’ailleurs, la police républicaine elle-même dans une publication mardi 11 juin sur son site. La dite enquête a ensuite conduit à l’audition et la présentation au parquet le lundi 10 juin 2024, de l’instituteur ayant relaté les faits ainsi que les trois journalistes, tous concernés par une procédure judiciaire de « propagation de fausses nouvelles et diffusion de fausses informations via les réseaux sociaux ».
Après avoir été écoutés une première fois ce lundi, Barnabas Orou Kouman, Ismaël Balogou, Romaric Fedjebe et Kario Bio Mago ont d’ailleurs été menottés, embarqués dans le véhicule de la Police Républicaine, puis conduits à la représentation de l’OCRC dans la ville de Parakou. Les trois journalistes ont été relâchés quelques heures après, mais placés sous convocation. Malheureusement, le sieur Karim Bio Mago pour ce qui le concerne, a vu la mesure de garde à vue se maintenir pour lui.


Nous comprenons que les circonstances entourant cet incident ont pu causer des préoccupations légitimes et des malentendus. Nous tenons à souligner que notre intention n’était en aucun cas de ternir la réputation ou de porter préjudice à la Police Républicaine.
Barnabas Orou Kouman, Promoteur du groupe de presse Daabaaru

Les excuses publiques de Daabaaru

Très vite, la nouvelle a embrasé la toile et suscité dans le rang des professionnels des médias notamment, une grosse inquiétude. Entre accusations sur un manque de professionnalisme dans la diffusion de l’information, la violation des droits du journaliste et des appels à la mise en liberté des mis en cause, les réactions fusaient bien de toute part. Face à la situation, le média a fait une déclaration publique. En effet, dans un communiqué, Daabaaru Tv a présenté des excuses et clarifié le contexte de l’émission incriminée, affirmant qu’il s’agissait d’un malentendu. Le média a également exprimé sa volonté de coopérer pleinement avec les autorités compétentes.

Le verdict du Tribunal de Parakou

Le mardi 11 juin, ils ont tous été présentés à nouveau au Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de 1ère classe de Parakou. A l’issue du procès qui selon les informations parvenues à Africaho dans une ambiance de forts arguments avancés notamment par les deux parties, l’instituteur qui a relaté les faits, ainsi que les trois journalistes ont été reconnus coupables des faits de propagation de fausses nouvelles et diffusion de fausses informations via les réseaux sociaux.
Kario Bio Mago a pour sa part, été placé sous mandat de dépôt et écroué à la maison d’arrêt de Parakou. Quant aux journalistes, ils ont été condamnés à six mois d’emprisonnement avec sursis et à une amende de cinq cent mille (500 000) francs CFA chacun.
J’ai bon espoir que des épisodes du genre, nos médias n’en connaissent plus. Daabaaru renouvelle son engagement de continuer à informer le public avec encore plus de rigueur et de professionnalisme.
C’est notre mission et nous nous efforcerons de toujours la remplir.
Barnabas Orou Kouman

Les premiers mots du promoteur de Daabaaru

Dès les premières heures du lendemain du verdict de TPI de Parakou dans cette affaire, Barnabas Orou Kouman, dans un message empreint de responsabilité, s’est adressé à ses confrères, la Direction de la Police républicaine ainsi qu’à l’opinion publique. « Je tiens, alors que nous tendons vers le bout de cet épisode, à exprimer toute ma gratitude aux professionnels des médias de tous ordres (médias en ligne, presse écrite, presse audiovisuelle…) qui se sont mobilisés et n’ont pas manqué de nous accompagner de diverses manières lors de cette épreuve », a écrit le promoteur du groupe de presse Daabaaru.

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Dans son message parvenu à Africaho, l’homme qui est aussi le président de l’UNaMEL-Bénin a tout de même mis l’accent sur la sensibilité que revêt l’exercice du métier du journaliste. Cette épreuve, relève-t-il, « nous remet également en question quant à notre mission d’information du public et notre contribution à l’édification d’une société plus juste, équitable et soucieuse du respect de tous et des institutions qui en garantissent le bon fonctionnement ».

Cette affaire a suscité un débat sur la liberté de la presse et le traitement que méritent les journalistes dans l’exercice de leur profession. Le traitement qu’ils ont notamment subi au Tribunal de Première Instance de Parakou a été critiqué dans les organisations de professionnels des médias, amenant ainsi les uns et les autres, à appeler à leur libération immédiate et à la levée des charges retenues contre eux. Cette affaire dite « port de casque à un cadavre à Sirarou », souligne également les défis auxquels sont confrontées les institutions chargées de maintenir l’ordre public dans un contexte où la désinformation peut avoir des conséquences graves sur la confiance du public.

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Les excuses publiques du média ainsi que son engagement à faire de plus en plus, preuve de stricte observance des normes éthiques et professionnelles les plus élevées sont sans nul doute, un gage de la bonne foi de Daabaaru. Par ailleurs, c’est aussi l’occasion de rappeler aux professionnels des médias au Bénin, la nécessité pour eux de prendre les dispositions idoines afin d’éviter de tomber dans le piège des informations non vérifiées.

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