Dans le cadre de sa politique de modernisation agricole, le gouvernement béninois a ciblé les filières arachide et manioc comme leviers clés de développement dans le département du Zou. Grâce à des investissements conséquents et à des projets structurants, ces cultures traditionnelles connaissent un nouvel essor, avec des impacts assez considérables sur la sécurité alimentaire et l’économie locale.
Depuis 2016, le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) a placé l’agriculture au centre de sa stratégie de développement. Parmi les filières identifiées comme prioritaires, l’arachide et le manioc occupent une place particulière en raison de leur importance dans l’alimentation des populations et leur potentiel économique. Dans le département du Zou, qui comprend neuf communes : Abomey, Agbangnizoun, Bohicon, Covè, Djidja, Ouinhi, Zagnanado, Toffo et Za-Kpota, ces filières bénéficient d’un soutien renforcé à travers des initiatives ciblées.
Le Projet d’Appui aux Infrastructures Agricoles dans la Vallée de l’Ouémé (PAIA-VO), l’un des programmes phares du gouvernement, illustre parfaitement cet engagement. Financé à hauteur de 36,9 milliards de francs CFA avec le soutien de partenaires comme la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Islamique de Développement (BID), ce projet vise à moderniser les infrastructures agricoles.
Deux unités modernes de transformation
Dans le Zou, deux unités modernes de transformation ont vu le jour, respectivement dans les communes de Covè et Zagnanado. Ces installations permettent de transformer efficacement le manioc en gari, tapioca et amidon, et l’arachide en huile et en tourteaux. Les producteurs locaux bénéficient ainsi d’un meilleur accès aux marchés, avec une augmentation de la valeur ajoutée de leurs produits.
Outre les infrastructures, des formations ont été dispensées aux agriculteurs pour améliorer leurs techniques culturales. Les données du Ministère de l’Agriculture révèlent une augmentation de la productivité moyenne de ces cultures. Par exemple, la production de manioc est passée de 2,1 millions de tonnes en 2016 à près de 3 millions de tonnes en 2023 au niveau national, avec une contribution notable du Zou. Pour l’arachide, la région affiche une croissance de production annuelle de 15 % sur la même période.
Impacts socio-économiques notables
Ces avancées ont un impact direct sur la vie des populations rurales. Selon un rapport de suivi du PAIA-VO publié en 2023, plus de 2 500 emplois directs et indirects ont été créés dans le Zou grâce aux activités de transformation et à la chaîne logistique. De plus, les revenus des ménages producteurs ont enregistré une augmentation moyenne de 30 %, leur permettant de mieux subvenir à leurs besoins et d’investir davantage dans l’éducation et la santé.
La transformation des produits agricoles a également permis d’améliorer les capacités d’exportation. En 2024, le Bénin a exporté près de 10 000 tonnes de gari et 5 000 tonnes d’huile d’arachide vers des pays de la sous-région, renforçant sa position comme acteur clé du marché agricole ouest-africain.
Cependant, malgré ces succès, des défis persistent. Les acteurs locaux soulignent encore des difficultés d’accès au financement pour les petits producteurs, ainsi que la nécessité de renforcer les infrastructures routières pour faciliter l’acheminement des produits vers les marchés. De plus, les aléas climatiques, tels que les périodes de sécheresse prolongées, continuent de peser sur les rendements agricoles.