Invité d’honneur à la deuxième journée du Sommet de la Jeunesse Béninoise, Me Adrien Houngbédji a livré ce mardi, à la salle bleue du Palais des Congrès, un discours qui allie mémoire politique, plaidoyer pour l’inclusion démocratique et appel à l’engagement des jeunes. Revenant sur 35 ans d’histoire depuis la Conférence nationale, l’ancien président de l’Assemblée nationale a pointé les dérives actuelles, appelant à une relecture du code électoral et à la libération des détenus politiques.
Devant un public composé en majorité de jeunes venus de divers horizons, Me Adrien Houngbédji a ouvert son intervention sur le thème : « L’histoire politique du Bénin, 35 ans après la conférence des forces vives de la nation : quel regard de 1990 à ce jour ? ». Un thème qu’il n’a pas abordé avec nostalgie, mais comme une invitation à interroger l’héritage politique et démocratique légué à la jeunesse, en vue de penser l’avenir avec clarté.
Celui qui a présidé la toute première Assemblée nationale pluraliste de 1991 à 1995 n’a pas mâché ses mots. Il a critiqué l’état actuel de la vie démocratique au Bénin, dénonçant les blocages institutionnels, les exclusions politiques, et l’instauration d’un code électoral qu’il qualifie de « verrou législatif soigneusement pensé pour écarter l’opposition ». Pour lui, « la démocratie, ce n’est pas éliminer ses adversaires en changeant les règles du jeu », mais permettre « à toutes les forces politiques de participer librement à la compétition électorale ».
Houngbédji appelle à la relecture urgente du code électoral
Il a plaidé en faveur d’une relecture urgente du code électoral pour éviter de revivre les crises électorales passées, faisant allusion aux législatives de 2019 : « En 2019, nous avons fait des élections wahala. Prônons des mesures applicables à tout le monde pour éviter des crises. Il faut forcément que l’opposition aille aux élections. Il n’y a pas de démocratie sans opposition. »
Maître Houngbédji a insisté sur la nécessité de libérer immédiatement et sans condition les détenus politiques et de garantir le retour sécurisé de tous les exilés. Il a mis en garde contre les fractures sociales profondes que ces exclusions peuvent engendrer, soulignant qu’aucune cohésion nationale ne peut être durable si elle repose sur la peur et l’ostracisme.
« J’ai présidé l’Assemblée nationale sous plusieurs présidents de la République, et nous avons toujours trouvé les voies du consensus et du respect mutuel. Mais depuis 2016, les choses ont pris une autre tournure… je n’en dirai pas davantage. », a déclaré l’ancien président du Parlement béninois.
Pour conclure, Me Adrien Houngbédji s’est tourné vers la jeunesse, lui lançant un appel à la vigilance, à l’engagement et à la conscience politique. « On ne peut pas construire le Bénin que nous voulons sans comprendre le Bénin que nous avons hérité », a-t-il rappelé.