[Enquête]: “Arrestation de passagers béninois” au Niger: vaine polémique ou triste réalité ?

Loan Tamin
Lecture : 5 min
Frontière Bénin - Niger

Les sanctions économiques prononcées par la Cédéao quelques jours après le coup d’Etat du 26 juillet dernier au Niger et appliquées notamment dans les pays comme le Togo, le Nigéria et le Bénin sont toujours en cours et constituent un obstacle pour la libre circulation des personnes et des biens. A Malanville, à la frontière bénino-nigérienne, certains passagers – des béninois surtout – contournent la frontière et prennent par des voies poreuses pour rallier le Niger via Gaya, ville frontalière avec le Bénin. Mais sur ces voies, les autorités militaires auraient érigé des postes de contrôle qui filtrent toute entrée dans le pays et procèdent à cet effet, à des arraisonnements.

 

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Les béninois qui sont arrivés sur le sol nigérien après la fermeture de la frontière de Malanville seraient systématiquement interpellés et gardés à vue dans des commissariats des localités proches de la frontière selon plusieurs béninois. L’information circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux avec de nombreuses alertes et appels à la vigilance. Ces alertes – des audios sur le réseau social WhatsApp pour la plupart – invitent les béninois qui auraient des projets de voyage sur le Niger à se raviser pour ne pas tomber dans les mailles des forces instruites pour assurer la sécurité dans les encablures de la frontière.

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Le piège des voies de contournement

En application aux sanctions de la Cédéao à la suite du putsch contre Mohamed Bazoum, le 26 juillet dernier, le Bénin, a fermé dimanche 30 juillet 2023, sa frontière qui est par ailleurs, la porte d’entrée de toutes les importations qui transitent par le port Autonome de Cotonou vers le Niger. Par conséquent, plusieurs centaines de camions en route pour Niamey, transportant des conteneurs et du vrac chargé au port de Cotonou sont restés bloqués notamment à Malanville, avec de grosses pertes pour les marchandises périssables. Les simples voyageurs sont en revanche, autorisés à circuler selon plusieurs témoins cités par des médias locaux et internationaux.

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Quid des personnes arrêtées ? 

Bien que les simples voyageurs soient autorisés dans l’expression d’un “humanisme” à fouler le sol nigérien, la frontière de Malanville n’est pas pour pourtant ouverte à plein temps pour leur trafic. “Les ouvertures aléatoires sont faites peut-être par humanisme pour permettre aux piétons de passer. Parfois, pendant quelques heures, un jour ou même deux, les piétons qui justifient de leur identité avec des pièces justificatives à l’appui sont autorisés à passer”, apprend Africaho de sources concordantes.

La même source relève que les piétons et les autres passagers qui justifient leur identité ne sont nullement inquiétés, mais que ce sont plutôt, les passagers qui, transportant telle ou telle autre marchandise et qui optent pour les traversées fluviales qui sont interpellés par les forces de l’ordre et systématiquement arraisonnés. “Au lieu de passer par le pont et faire les formalités avant de rentrer dans le pays, ils vont prendre des pirogues. Et c’est normal qu’une fois arrivés au poste de Gaya notamment au poste de police de PK, ils sont interpellés par les agents qui récupèrent leur carte et leur demandent comment est-ce qu’ils ont fait pour pénétrer le territoire nigérien”, ajoute notre source.

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De toute évidence et selon une autre source policière au Niger, la frontière bénino-nigérienne reste fermée. Il y a des véhicules d’occasions, des produits alimentaires, pharmaceutiques, de l’essence et beaucoup d’autres produits. Ce corridor est le plus fréquenté de la région et des statistiques estiment à 1000 le nombre de véhicules qui franchissent cette frontière chaque jour.

En visite officielle au Bénin en mars 2023, Mohamed Bazoum – encore président – avait déclaré que ce corridor était vital pour son pays avant d’ajouter que le port de Cotonou était aussi le port du Niger.

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