L’Éthiopie a inauguré, mardi 9 septembre, le grand barrage de la Renaissance, l’un des projets les plus ambitieux de son histoire moderne. Lancé en 2011, cet ouvrage colossal vise à répondre aux besoins énergétiques du pays, où près de la moitié de la population n’a toujours pas accès à l’électricité, et à renforcer son rôle comme fournisseur régional d’énergie.
Éthiopie : inauguration du barrage de la Renaissance après plus de quatorze ans de travaux
Addis-Abeba inaugure le barrage de la Renaissance, le plus grand d’Afrique malgré les tensions régionales. Long de 1,8 kilomètres et haut de 145 mètres, le barrage est notamment équipé de 16 turbines pour une capacité totale de 5 000 mégawatts, l’équivalent de plus de trois réacteurs nucléaires. Présenté comme le plus puissant d’Afrique, il devrait à lui seul doubler la production électrique actuelle du pays.
Lancé pour un coût estimé à près de cinq milliards de dollars, le chantier a accumulé les retards en raison de difficultés techniques, de problèmes de financement et de fortes résistances diplomatiques. Son achèvement, annoncé le 3 juillet dernier par le Premier ministre Abiy Ahmed devant le Parlement, est présenté par les autorités comme une réussite nationale. Le chef du gouvernement a affirmé attendre du barrage un milliard de dollars de revenus par an, un chiffre jugé optimiste par plusieurs experts.
Un projet au cœur des tensions régionales
Construit sur le Nil Bleu, le barrage a cristallisé les inquiétudes de l’Égypte et du Soudan, situés en aval. Le Caire, qui dépend à 97 % du Nil pour son approvisionnement en eau, considère l’ouvrage comme une menace « existentielle ». Le président Abdel Fattah al-Sissi, tout comme les autorités soudanaises, a d’ailleurs boycotté la cérémonie d’inauguration.
Khartoum reste en effet, partagé entre le risque d’inondations et de perturbations pour ses propres barrages et l’espoir d’un accès à une énergie meilleur marché. L’Éthiopie, de son côté, a trouvé un appui auprès des pays situés en amont du fleuve, comme l’Ouganda et la Tanzanie, qui voient dans la remise en cause des anciens accords coloniaux une opportunité diplomatique et économique.