Pour la première fois depuis 1962, un gouvernement français a été renversé par une motion de censure. Celui de Michel Barnier, nommé en septembre par Emmanuel Macron, a perdu ce mercredi 4 décembre face à l’alliance des oppositions de gauche et d’extrême droite à l’Assemblée nationale.
Le gouvernement de Michel Barnier, en fonction depuis trois mois seulement, a été renversé à la suite d’un vote historique à l’Assemblée nationale. La motion de censure, initiée par le Nouveau Front populaire (NFP), a recueilli 331 voix, bien au-delà des 288 nécessaires pour atteindre la majorité absolue.
Ce renversement, le premier en France depuis celui du gouvernement Pompidou en 1962, a été rendu possible grâce à une alliance improbable entre les députés de gauche du NFP et ceux du Rassemblement national (RN, extrême droite). Le Premier ministre, Michel Barnier, avait tenté d’imposer son projet de loi de financement de la Sécurité sociale en ayant recours à l’article 49.3 de la Constitution, un outil qui engage la responsabilité du gouvernement. Ce choix s’est toutefois retourné contre lui, avec la colère des oppositions qui ont jugé cette manœuvre antidémocratique.
Lors des débats précédant le vote, Michel Barnier a plaidé pour la stabilité et le maintien de son équipe, arguant que les réformes présentées étaient essentielles pour l’avenir du pays. En vain. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a annoncé la levée de la séance après la proclamation des résultats, soulignant que « le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement ».
Le recours à l’article 49.3 était un pari risqué pour Michel Barnier, nommé par Emmanuel Macron dans un contexte de crise politique marqué par l’absence d’une majorité claire à l’Assemblée. Si cet outil constitutionnel permet de contourner un vote direct des députés, il expose aussi le gouvernement à une motion de censure, une fragilité que les oppositions ont exploitée.
Les représentants du RN et du NFP ont fustigé la gestion du gouvernement, accusé de ne pas être en phase avec les priorités des Français. Selon Marine Le Pen, « cette coalition des oppositions montre que nous sommes capables de travailler ensemble pour mettre fin à un gouvernement impopulaire et inefficace ». De son côté, le leader du NFP a affirmé que « le renversement de ce gouvernement ouvre une nouvelle page pour la France, celle d’une politique plus sociale et plus proche des attentes citoyennes ».