Au Gabon, d’anciens adversaires politiques, désormais unis, s’élèvent contre le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Lors d’une conférence de presse, ils ont dénoncé des manquements aux engagements pris et demandé la non-participation des militaires aux élections prévues à la fin de la transition.
Ce mercredi 8 janvier, quatre figures de la scène politique gabonaise ont surpris en affichant une unité inédite. Albert Ondo Ossa, ancien candidat à la présidentielle, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ex-Premier ministre, Pierre-Claver Maganga Moussavou, ancien vice-président, et Ali Akbar Onanga Y’Obégué, ancien ministre, ont tenu une conférence de presse commune à Libreville.
Dans une déclaration préliminaire, les quatre hommes ont vivement critiqué la gestion militaire de la transition, accusant le CTRI de manipuler le calendrier électoral à son avantage. Ils ont présenté cinq revendications principales : le retour des militaires dans les casernes à la fin de la transition, avec interdiction de participer aux élections, le rétablissement de la Constitution de 1991, rejetant celle adoptée par référendum en novembre, la refonte du Code électoral, jugé opaque, l’appel à une mobilisation populaire, pacifique et démocratique et la publication immédiate d’un calendrier détaillé pour la fin de la transition.
Des critiques virulentes contre les autorités
Les leaders politiques n’ont pas épargné le président de transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema. Albert Ondo Ossa a affirmé qu’il « ne peut pas aligner 5 % à une élection » et a appelé à un « sursaut de patriotisme ». De son côté, Alain-Claude Bilie-By-Nze a reproché au CTRI de prolonger son mandat en exploitant l’héritage anti-Ali Bongo et anti-PDG.
Pour Pierre-Claver Maganga Moussavou, le général Nguema doit respecter son engagement de rendre le pouvoir aux civils, rappelant qu’« il n’y a pas eu de gloire » dans le coup d’État du 30 août 2023.
Les critiques des quatre opposants ont suscité une réaction du Cercle de réflexion populaire sur la transition, dirigé par Éric Simon Zue. Ce dernier a défendu la légitimité du général Nguema à se présenter aux élections, affirmant que « s’ils sont libres aujourd’hui, c’est grâce » à lui.
Alors que le Parlement de transition doit examiner le projet de Code électoral dès le 9 janvier, le palais présidentiel n’a pas encore réagi à ces déclarations.