Dans un rapport rendu public le 14 avril 2025 à Accra, Amnesty International dénonce les graves violations des droits humains subies par des centaines de personnes au Ghana, principalement des femmes, accusées à tort de sorcellerie et contraintes à l’exil. Le document pointe la responsabilité de l’État ghanéen dans ce drame humain.
Vivant dans des camps insalubres, isolés dans les régions nord et nord-est du Ghana, plus de 500 personnes sont victimes d’accusations de sorcellerie, selon le rapport d’Amnesty International relayé par RFI. Pendant près de deux ans, l’ONG a enquêté sur cette réalité méconnue, révélant des cas de marginalisation extrême, de violences physiques, et même de lynchages ayant causé au moins sept morts.
D’abord, Samadu Sayibu, de l’ONG Songtaba, témoigne que « certaines d’entre elles avaient un travail avant d’être accusées. Leur emploi a été perdu, et cela les a affectées psychologiquement. Là-bas, vous voyez également des femmes qui n’ont plus de doigts parce qu’on les leur a brûlés ». Les victimes sont principalement des femmes âgées ou perçues comme différentes.
Ensuite, chercheuse à senior à Amnesty Michèle Eken, souligne que « ce sont souvent des femmes de plus de 50 ans, vulnérables, ou celles qui réussissent bien dans la vie. Dès qu’un incident survient, ce sont les premières accusées ».
Face à l’absence de protection juridique, de campagnes de sensibilisation et de structures d’accueil, Amnesty dénonce l’inaction de l’État. « Il n’y a pas de lois criminalisant spécifiquement les accusations de sorcellerie », rappelle Michèle Eken. Une proposition de loi pourrait être examinée par le Parlement ghanéen cette année, dans l’espoir de mettre fin à cette persécution silencieuse.