Au Ghana, la Cour suprême a rejeté ce mercredi, les recours contestant la constitutionnalité de la loi anti-LGBT+. Cette décision ouvre désormais la voie à la promulgation de cette loi par le président Nana Akufo-Addo. Le texte prévoit des peines de prison sévères pour les membres ou soutiens de la communauté LGBTQ+.
La Cour suprême du Ghana a rendu une décision controversée en rejetant les recours déposés contre le projet de loi anti-LGBT+, officiellement intitulé « loi sur les droits sexuels et les valeurs familiales ». Présidée par la juge Avril Lovelace-Johnson, la plus haute juridiction du pays a jugé que les recours déposés par le journaliste Richard Dela Sky et la chercheuse Amanda Odoi ne relevaient pas de sa compétence constitutionnelle. Cette décision pave la voie à la promulgation de cette loi par le président Nana Akufo-Addo, malgré l’opposition nationale et internationale.
Adopté en février 2024 par le Parlement, ce texte impose des peines allant de trois à cinq ans de prison pour les personnes reconnues coupables de promouvoir, parrainer ou soutenir des activités LGBTQ+, et jusqu’à trois ans pour les relations entre personnes de même sexe. Dans ce pays conservateur, où les valeurs religieuses dominent le débat public, la loi vient renforcer des dispositions déjà « restrictives » héritées de l’ère coloniale.
La communauté internationale, notamment les institutions financières comme la Banque mondiale et le FMI, a exprimé de vives préoccupations. Le Ghana, engagé dans un programme de redressement économique soutenu par un prêt de 3 milliards de dollars du FMI, risque de perdre près de 3,8 milliards de dollars de financements en raison des répercussions de cette législation. Malgré ces avertissements, la pression intérieure semble avoir pris le dessus, dans un contexte où les droits LGBTQ+ sont largement perçus comme contraires aux « valeurs familiales ghanéennes ».
Les militants des droits humains, à l’instar de Richard Dela Sky, dénoncent une régression historique pour les droits fondamentaux. Des organisations internationales de défense des droits humains ont également appelé le président Akufo-Addo à ne pas ratifier le texte, mettant en garde contre un isolement accru du Ghana sur la scène mondiale.