La ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, connaît une nouvelle journée de violences ce mardi. Après une nuit relativement calme, des échanges de tirs nourris ont repris à l’aube.
Depuis dimanche, la situation s’est nettement aggravée dans la ville de Goma, où les combattants du M23, soutenus par des forces rwandaises selon les Nations unies, ont pénétré plusieurs quartiers. Ce mardi matin, des tirs nourris ont été signalés dans les quartiers situés à l’est de la ville, notamment Biréré, Bujovu, et près de l’aéroport. L’axe menant de l’aéroport vers Gisenyi, ville frontalière rwandaise, est également en proie à des affrontements.
Alors que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) tentent de reprendre le contrôle, certaines parties de l’ouest de Goma restent sous domination du M23. Internet et la radio sont coupés, et une grande partie des habitants n’a plus accès à l’eau ni à l’électricité depuis plusieurs jours.
Un lourd bilan humain et des déplacés en masse
Les violences ont déjà fait au moins 17 morts et plus de 370 blessés, selon les hôpitaux de la région. La ville de Goma, qui compte un million d’habitants et autant de déplacés, fait face à une crise humanitaire d’une ampleur inédite. Selon l’ONU, 400 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l’année, fuyant des combats incessants.
« Nous voyons de nombreux corps sur la route vers le marché », témoigne un habitant de Kituku. Le directeur de l’ONG Save the Children en RDC alerte sur la vulnérabilité des enfants, qui représentent la moitié des déplacés. Ces derniers, souvent sans abri ni ressources, se retrouvent piégés dans un contexte de grande insécurité.
Une mobilisation diplomatique urgente
Face à l’escalade des violences, les instances internationales et régionales s’activent. Un sommet extraordinaire de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) se tiendra demain pour discuter de la situation dans l’est de la RDC. Le président kényan a confirmé la participation des présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi à cette rencontre.
Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU prévoit une réunion ce mardi à New York, tandis que le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine tiendra une session d’urgence. Une intervention du président congolais, Félix Tshisekedi, est également attendue, bien que la date et l’heure de son allocution restent inconnues.
Une ville qui sombre dans le chaos
Pour les habitants de Goma, chaque jour apporte son lot de souffrances et d’incertitudes. Les déplacés ne savent plus où trouver refuge, les ONG peinent à répondre aux besoins urgents, et les combats semblent loin de s’apaiser. Cette nouvelle journée de violences illustre une fois de plus l’urgence d’une intervention internationale pour mettre fin au calvaire des civils pris au piège dans cette crise interminable.
Goma, autrefois poumon économique du Nord-Kivu, s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos, dans l’attente désespérée d’une paix qui semble toujours hors de portée.