Inflation, manque à gagner, colère : le coût d’une frontière restée fermée malgré les efforts du Bénin

Paul Danongbe
4 min
La frontière de Malanville avec le Bénin, le 12 juillet 2023. @Médias locaux

Le président Abdourahamane Tiani, a confirmé, samedi 8 novembre 2025 à Gaya, dans la région de Dosso, le maintien de la fermeture de la frontière terrestre avec le Bénin. Pendant qu’il réaffirme cette position, les conséquences économiques continuent de se faire durement sentir dans les deux pays, mais surtout au Niger.

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Au Niger, Tiani maintient la fermeture de la frontière avec le Bénin

« Tant que la situation n’évoluera pas du côté béninois », la frontière restera fermée, a déclaré le président Abdourahamane Tiani. En meeting samedi à Gaya, le chef de l’État nigérien s’est montré ferme à la fois devant les populations et les Forces de Défense et de Sécurité. Il a justifié cette décision par la présence, selon lui, de « forces étrangères sur le sol béninois, notamment des soldats français ». Le militaire au pouvoir depuis le coup d’Etat qui a renversé le 26 juillet 2023, le président Mohamed Bazoum estime d’ailleurs qu’ouvrir la frontière « l’ouvrir reviendrait à trahir la volonté de protection exprimée par le peuple nigérien ».

Pour le Niger, cette fermeture est un acte de souveraineté face à un contexte sécuritaire jugé instable et à des flux non contrôlés le long de la frontière. Mais pour le Bénin, cette situation bloque un axe commercial stratégique, celui du corridor reliant le port de Cotonou au Niger, essentiel au transit des marchandises vers Niamey.

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Tiani ferme sur posture, l’économie nigérienne sous pression !

Alors que les tensions diplomatiques perdurent entre Niamey et Cotonou, la fermeture prolongée commence à peser lourdement sur l’économie nigérienne. Dans un entretien diffusé le 3 novembre sur sa page Facebook, le consultant indépendant en finances publiques Issoufou Boubacar Kado Magagi a dressé un tableau préoccupant de la situation. « Les ressources compétentes ne sont pas utilisées de manière rationnelle », constate-t-il, tout en soulignant la fragilité structurelle d’un pays où le secteur informel occupe une part importante du produit intérieur brut (PIB). Ce qui complique à son avis la collecte des recettes fiscales.

Selon lui, « la montée de l’inflation est entre autres due à la fermeture des frontières avec le Bénin (…) La fermeture du port de Cotonou a eu un impact sur l’inflation, sur le manque de richesses ». Les régies financières de l’État, notamment la Direction générale des impôts et la douane, sont également touchées. « Pour que la douane impose, il faut que les marchandises viennent. Mais ça ne marche pas », déplore-t-il.

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Privés d’accès au port de Cotonou, les opérateurs économiques nigériens tentent désormais de passer par Lomé via le corridor du Burkina Faso, une alternative difficile. « On brûle leurs véhicules, on les attaque. C’est long et c’est cher pour eux », rapporte M. Magagi. Face à cette asphyxie, l’analyste appelle à un dialogue régional pour sortir de l’impasse. « Le Niger n’a aucun débouché sur la mer. C’est un pays continental à 1 000 km de la côte. La fermeture des frontières avec les pays littoraux nuit aux activités économiques et à la production de la richesse », alerte-t-il.

Le Bénin et le Niger vivent conjointement des réalités sociopolitiques difficiles depuis la fermeture juillet 2023 de la frontière de Malanville. Pendant que le président Tiani tient mordicus au maintien de la posture de Niamey, Cotonou a cependant affiché de la disponibilité à collaborer aux fins d’aller vers une réouverture. Malgré une médiation spontanée conduite par les anciens présidents béninois Nicéphore Soglo et Boni Yayi. Vivement que les deux parties arrivent à s’accorder pour enfin soulager leurs populations.

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