Israël – Iran : une guerre à plusieurs visages qui menace l’équilibre régional

Casimir Vodjo
6 Min Read
Israël vs Iran

Entre frappes ciblées, cyberattaques, guerre par procuration et bras de fer nucléaire, le conflit entre Israël et l’Iran façonne l’instabilité du Moyen-Orient. Sans être une guerre totale, cette confrontation multiforme pourrait à tout moment dégénérer et embraser toute la région.

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Depuis la révolution islamique de 1979, l’Iran considère Israël comme un ennemi idéologique et politique, allant jusqu’à remettre en cause son droit à l’existence. En retour, Israël considère le régime iranien comme une menace existentielle, notamment à cause de ses ambitions nucléaires et de son soutien à des groupes armés hostiles.

Le fossé est donc aussi idéologique que géopolitique, les deux puissances n’ayant aucune relation diplomatique et évoluant dans des sphères d’influence régionales opposées.

Une guerre par procuration sur plusieurs fronts

Israël et l’Iran évitent l’affrontement direct, mais s’opposent à travers des relais armés. Au Liban, le Hezbollah, puissant bras armé chiite soutenu par l’Iran, constitue une menace directe pour Israël, avec des milliers de missiles pointés vers son territoire.

En Syrie, Israël mène régulièrement des frappes aériennes contre des positions iraniennes pour empêcher l’établissement d’un corridor militaire jusqu’à la Méditerranée. Dans les territoires palestiniens, notamment à Gaza, l’Iran, selon de nombreuses sources, finance et arme le Hamas qui s’oppose frontalement à Israël.

À travers ces fronts indirects, le conflit prend les allures d’une guerre régionale en mosaïque, où chaque acte militaire peut être interprété comme une extension d’un affrontement plus large.

Le dossier nucléaire : une ligne rouge

Au cœur de cette tension durable, se trouve le programme nucléaire iranien. Bien que Téhéran affirme ses intentions pacifiques, Israël redoute que l’Iran ne se dote de l’arme nucléaire.

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En vertu de sa doctrine de frappe préventive, Israël n’a jamais exclu une attaque unilatérale sur les installations nucléaires iraniennes. Les précédents de 1981 (Irak) et 2007 (Syrie) montrent que Tel-Aviv n’hésite pas à frapper lorsqu’une menace est jugée imminente.

Cyberguerre et assassinats ciblés : le conflit invisible!

Le terrain du conflit ne se limite pas au champ de bataille classique. Il s’étend également à la cybersécurité, aux sabotages et aux assassinats ciblés. En 2010, le virus Stuxnet, conçu par les États-Unis et Israël, a saboté des centrifugeuses iraniennes.

Plusieurs scientifiques nucléaires iraniens ont été tués ces dernières années, comme en a été le cas le vendredi 13 juin 2025, avec des attaques coordonnées qui ont frappé la capitale Téhéran, Tabriz, la centrale nucléaire de Natanz à Ispahan, ainsi que les villes de Lorestan et Kermanshah. Ces actions attribuées au Mossad, le « tout puissant » service de renseignement israélien, a fait de nombreuses victimes dans le rang des scientifiques nucléaires iraniens. Il s’agit entre autre, des scientifiques Feridun Abbasi, ancien président de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, et Muhammed Mehdi Tehranchi, recteur de l’université islamique Azad, selon l’agence de presse iranienne Tesnim.

Parmi les victimes figurent également le chef d’état-major iranien, le général de corps d’armée Mohammed Baqeri, et le commandant en chef des Gardiens de la révolution, le général de corps d’armée Hossein Salami. L’Israël avait, quelques mois plus tôt, ciblé également les principaux chefs du Hamas avec des frappes meurtrières.

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L’Iran mène en retour des cyberattaques contre Israël et s’est résolument engagée dans une riposte aérienne contre Israël depuis l’attaque menée par l’Etat hébreu le vendredi 13 juin 2025. De nombreux morts et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés des deux côtés. Les bombardements israéliens ont fait au moins 224 morts en Iran, tandis qu’en Israël, les tirs de missiles et de drones iraniens ont fait 25 morts, selon des bilans officiels de part et d’autre.

Une escalade toujours possible

Les risques d’escalade restent bien réels. Un affrontement militaire direct pourrait survenir à la suite d’une frappe israélienne préventive contre les sites nucléaires iraniens, d’une attaque coordonnée depuis le Liban, la Syrie et Gaza par des groupes affiliés à l’Iran ou d’une erreur de calcul stratégique de l’un des deux camps.

Jusqu’ici, l’équilibre de la terreur et la diplomatie indirecte ont contenu le pire. Mais la moindre étincelle pourrait faire basculer l’ensemble du Moyen-Orient dans une guerre régionale aux conséquences désastreuses.

En effet, le conflit entre Israël et l’Iran ne se limite plus à deux pays : il façonne les alliances, les rivalités et les politiques de sécurité de toute la région. Il impacte aussi la posture des grandes puissances comme les États-Unis, la Russie et la Chine. Tant que les causes profondes, idéologiques, nucléaires et géostratégiques, ne seront pas traitées, cette guerre hybride continuera de hanter le Moyen-Orient, avec le spectre permanent d’un embrasement total.

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