John Dramani Mahama a-t-il réussi à convaincre les pays de l’AES de réintégrer la Cédéao ?

Paul Danongbe
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John Dramani Mahama et Assimi Goita

Le président ghanéen, John Dramani Mahama, a conclu sa tournée dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Ouagadougou, ce lundi 10 mars. Après des étapes à Bamako et Niamey durant le week-end, sa visite au Burkina Faso marque la fin d’une mission visant à convaincre les trois pays sahéliens, dirigés par des juntes militaires, de réintégrer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qu’ils ont quittée officiellement en janvier dernier.

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Alors que les autres Chefs d’Etat de la CEDEAO, hormis Faure Gnassingbé et Bassirou Diomaye Faye, respectivement président du Togo et du Sénégal, maintiennent visiblement leurs distances vis-à-vis des pays de l’AES,  John Dramani Mahama semble bien faire d’eux l’un de ses premiers chantiers après son investiture le 7 janvier 2025. Le président ghanéen, nouvellement élu a notamment entrepris une mission envers le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Une initiative qui l’a amené à effectuer des voyages officiels à Bamako, Niamey et Ouagadougou pour échanger avec Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani. Mais, avant de décoller pour Ouagadougou, constate Africaho, le successeur de Nana Akufo-Addo a pris à contre-pied les normes diplomatiques en évoquant sur les réseaux sociaux de la présidence la nécessité d’une reconnaissance de l’Alliance des États du Sahel par la Cédéao. Ce sujet a notamment été abordé lors de sa rencontre à Niamey, le dimanche 9 mars, avec Abdourahamane Tiani, le leader du pouvoir nigérien.

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L’objectif de la tournée : rétablir les liens régionaux

Dans un communiqué, la présidence burkinabè a précisé que cette visite visait à « faire un tour d’horizon de la coopération ». Comme à Bamako et Niamey, les discussions ont porté sur la lutte contre le terrorisme et le renforcement des relations économiques entre les pays concernés.

À l’aéroport international Thomas Sankara de Ouagadougou, John Dramani Mahama a été accueilli par le capitaine Ibrahim Traoré, leader de la junte burkinabè. Les deux dirigeants ont ensuite échangé au salon officiel de l’aéroport, avant de se rendre au palais présidentiel de Koulouba.

Le principal objectif de cette tournée est de convaincre les trois États membres de l’AES de réintégrer la Cédéao. L’issue de cette mission diplomatique à Ouagadougou est stratégique, car c’est avec Ibrahim Traoré que ce processus a été lancé. Le capitaine burkinabè, comme ses homologues du Mali et du Niger, avait été invité à Accra pour l’investiture de John Dramani Mahama le 7 janvier dernier. L’espoir ghanéen est de parvenir à des avancées concrètes à l’issue de ce déplacement, bien que les résultats des étapes précédentes n’aient pas encore permis de surmonter les obstacles.

Les enjeux économiques de la tournée

Outre les discussions diplomatiques, la tournée de John Dramani Mahama a également pour but de maintenir les liens économiques avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Le Ghana, n’étant pas membre de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), cherche à conclure des accords bilatéraux avec ces pays pour conserver des relations économiques privilégiées. Cette question est cruciale pour Accra, mais aussi pour Abuja, car depuis le retrait des trois pays sahéliens de la Cédéao, le Ghana et le Nigéria ne partagent plus une même zone de libre-échange avec eux, contrairement aux autres pays membres de la zone franc.

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Un expert de la zone franc, François Giovalucchi, explique qu’un pays côtier comme le Ghana a tout intérêt à apaiser les tensions avec les pays du Sahel afin de préserver ses échanges commerciaux, notamment avec le Burkina Faso, sans qu’ils ne soient surtaxés.

Des avancées possibles pour John Dramani Mahama?

À Bamako, le président ghanéen a affirmé qu’il était encore possible « de trouver un terrain d’entente » concernant le retour des trois pays de l’AES dans la Cédéao. Cependant, à Niamey, le communiqué commun de la rencontre ne fait aucune mention de la Cédéao, soulignant le caractère bloqué des discussions à ce sujet.

Le président Mahama devra donc continuer à jouer la carte diplomatique et économique pour convaincre les pays de l’AES de réintégrer la Cédéao et rétablir les relations économiques avec le Ghana. La question de savoir si ces efforts aboutiront reste ouverte.

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