Longtemps sous-exploitée, la patate douce s’impose aujourd’hui comme une filière prometteuse pour l’économie béninoise. Troisième racine tuberculeuse produite après le manioc et l’igname, elle se distingue par sa richesse nutritionnelle et son potentiel agro-industriel. Conscient de cette opportunité, l’Observatoire du Commerce, de l’Industrie et des Services (OCIS) vient de dédier une plaquette d’informations à cette filière.
La patate douce gagne progressivement du terrain au Bénin. Produite dans plusieurs régions du pays, notamment dans l’Atlantique et l’Ouémé, elle constitue une source de revenus pour de nombreux agriculteurs. Selon les données de l’OCIS, la production nationale a connu une hausse significative ces dernières années, atteignant 77 477 tonnes en 2024 contre 58 145 tonnes en 2017. Cette croissance traduit un intérêt grandissant pour cette culture aux multiples avantages.
« La patate douce est devenue une culture incontournable pour nous. Avant, nous nous concentrions sur le manioc et l’igname, mais aujourd’hui, nous avons compris son potentiel », témoigne Jonas, producteur à Allada.
Aliment de choix pour la sécurité alimentaire, la patate douce est réputée pour sa forte teneur en vitamines A et C, en fibres et en antioxydants. Elle présente également un index glycémique modéré, en faisant un allié de taille dans la lutte contre certaines maladies chroniques comme le diabète.
Au-delà de sa consommation directe, la transformation industrielle de la patate douce ouvre des perspectives économiques prometteuses. Plusieurs unités de transformation, à l’image d’ALITECH-Industrie et de YUEKEN International Benin SARL, exploitent déjà ce tubercule pour produire de la farine, des biscuits, des boissons fermentées ou encore de l’alcool alimentaire. Ces initiatives participent à la diversification de l’économie locale et à la valorisation des produits agricoles nationaux.
Défis et perspectives
Malgré son potentiel, la filière patate douce fait face à plusieurs contraintes. Le faible rendement agricole, estimé à 6 tonnes par hectare, reste inférieur à la moyenne mondiale qui s’établit à plus de 11 tonnes/ha. L’accès limité aux intrants de qualité, le manque d’infrastructures de stockage et de transformation ainsi que l’absence de véritables circuits de commercialisation structurés freinent encore le développement du secteur.
« Nous avons besoin de semences améliorées et de meilleures techniques agricoles pour améliorer nos rendements », plaide Gildas, agriculteur à Adjohoun.
Pour y remédier, des initiatives sont en cours, à l’instar de la sensibilisation des producteurs à de meilleures pratiques agricoles et de la promotion de la transformation locale. L’OCIS, en mettant en lumière cette filière dans sa publication, entend mobiliser les décideurs et investisseurs autour d’une stratégie de développement durable.