Laurent Gbagbo fait son choix entre la CEDEAO et l’AES

Paul Danongbe
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Laurent Gbagbo, Ancien président de Côte d'Ivoire.

Laurent Gbagbo, ex président de Côte d’Ivoire a posé un regard comparatif sur l’impact de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et  l’Alliance des Etats du Sahel (AES) sur les pays de la sous-région ouest africaine. Dans une émission télévisée diffusée il y a quelques jours, il évoque des faits et oriente les regards sur la légitimité des Chefs d’Etat réunis au sein de l’AES.

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Alors que l’AES, Alliance créée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger fait l’objet de toutes les critiques notamment sur sa légitimité, Laurent Gbagbo pose un regard tout contradictoire. L’ancien président ivoirien, reçu sur Afo Média n’est pas allé du dos de la cuillère pour relever les insuffisances de la CEDEAO, à laquelle, rappelle-t-il, a-t-il connu pour avoir été dirigeant de la Côte d’Ivoire du 26 octobre 2000 au 11 avril 2011.

En effet, exposant l’historique de l’instance sous-régionale, Laurent Gbagbo a invité l’opinion à s’interroger sur les réels mobiles qui fondent le départ des pays dirigés par Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani. “Si nous voyons que trois Etats ont quitté la CEDEAO pour créer l’AES, il faut se demander pourquoi !”, a-t-il indiqué. Pour lui, le retrait de ces pays est plus que justifié : “la CEDEAO ne s’attaque pas aux problèmes de l’Afrique de l’Ouest”. Il évoque à cet effet, les problèmes de sécurité qui se posent dans la sous-région avec notamment, la poussée du terrorisme. “Il y a des rebellions qui affligent le Mali, le Burkina Faso, le Niger et même la Côte d’Ivoire. Qu’est-ce que la CEDEAO a fait ? Rien ! (ndlr)”, martèle Gbagbo.

La CEDEAO est devenue un instrument de propagande de la France.

Laurent Gbagbo

Le choix entre la CEDEAO et l’AES

Etalant ce qui constitue pour lui, des obstacles potentiels à la liberté et l’indépendance des Etats membres de la CEDEAO, Laurent Gbagbo pointe par exemple un doigt accusateur sur les sources de financement de l’institution. “Qui paie commande !”, a-t-il d’ailleurs laissé entendre pour justifier que les Africains devraient soit, aller à un changement radical de paradigmes en finançant eux-mêmes leurs institutions ou rester dans leur posture actuelle de dépendance. “Pour ceux qui critiquent les dirigeants de l’AES et les traitent de putschistes, il y a deux types de coups d’Etat – les bons coups d’Etats et les mauvais coups d’Etat”, va-t-il ajouter.

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Quant à la légitimité de l’Alliance des Etats du Sahel,  Laurent Gbagbo fait également observer que les actuels dirigeants du Mali, le Burkina Faso et le Niger ne devraient normalement pas subir les critiques d’illégitimité. “Il y a des coups d’Etat civils qui n’utilisent pas les armes”, va-t-il souligner une fois de plus pour relever les violations des textes de lois constitutionnelles qui limitent le nombre de mandats présidentiels, mais que certains dirigeants modifient à volonté pour se maintenir au pouvoir. “Quand votre constitution vous donne le droit de ne faire que deux mandats et que vous en faites deux, trois, quatre, cinq, six, sept, n’est-ce pas des coups d’Etat?”, s’est-il interrogé pour conclure.

Les relations entre la Côte d’Ivoire et l’AES

Le prédécesseur du président Alassane Ouattara a également donné sa lecture sur les rapports visiblement très tendus depuis peu, entre les pays de l’Alliance des Etats du Sahel et la Côte d’Ivoire son pays. L’ancien président a exprimé à cet effet, son étonnement sur ce qui pourrait expliquer le fait que le président Alassane Ouattara reçoive Brice Oligui Nguema qui, tout comme Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani sont arrivés au pouvoir par des putschs, alors que ces derniers sont accusés de faire des putschs.

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Rappelant son combat pour la souveraineté de l’Afrique, l’ancien dirigeant propose – pour concilier les énergies de part et d’autres – que les pays africains doivent solutionner dans un élan d’ensemble, le problème de la monnaie. Pour lui, il faut absolument réduire le nombre de monnaies actuellement utilisées dans les transactions sur le continent. Cela réduirait les poches de tensions redonnera au continent une certaine souveraineté sur des richesses et sa politique globale.

Cette sortie de Laurent Gbagbo rebat les cartes alors que sur le continent, la rivalité entre la CEDEAO et l’AES, la question de la monnaie unique, la lutte contre le terrorisme occupent les cœurs et suscitent de vifs débats. Une prise en compte de ces recommandations pourrait éventuellement conduire à cette souveraineté tant clamée de part et d’autres, mais qui au final, semble bien n’être qu’une litanie d’incantations difficile à décoder.

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