Dans un entretien diffusé sur la télévision nationale le 3 août 2024, le président de la transition nigérienne, le Général Abdourahamane Tiani, a exposé en détail les raisons de la fermeture prolongée des frontières entre le Niger et le Bénin, ainsi que les tensions croissantes entre les deux pays.
On en sait davantage sur ce qui justifie la position du Niger vis-à-vis du Bénin. Samedi 3 août, Abdourahamane Tiani, président de la transition depuis le renversement du président Mohamed Bazoum, a émis plusieurs accusations à l’encontre du président béninois. En effet, il accuse Patrice Talon d’avoir pris des mesures hostiles contre le Niger après la décision de la CEDEAO de mettre le pays sous embargo. Selon lui, Talon a ordonné l’arrêt du franchissement des véhicules nigériens à la frontière de Malanville, une décision perçue comme une punition contre les Nigériens pour leur changement de régime. Malgré cette fermeture, les travaux du pipeline entre le Niger et le Bénin ont continué, grâce aux assurances données par Talon aux autorités chinoises lors d’une visite en Chine.
Le général Tiani a également critiqué la présence d’agents de renseignement français au Bénin, affirmant qu’ils menaient des actions de déstabilisation contre le Niger sous couvert de la lutte contre le terrorisme. Il a cité des localités telles que Kandi et Porga où ces agents auraient mené des reconnaissances et des opérations subversives.
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Problèmes de médiation et tensions diplomatiques
Le président Tiani a mis en lumière un incident diplomatique lié à la tentative de médiation du président Talon. Après une rencontre tripartite entre le Niger, le Bénin et la China National Oil Development Company, un émissaire de Talon a tenté de transmettre un message au Niger, mais cette démarche n’a pas suivi les canaux diplomatiques appropriés, créant une polémique internationale.
Le président de la transition a exprimé sa gratitude envers les anciens présidents béninois Nicéphore Soglo et Yayi Boni pour leurs efforts de médiation, soulignant que le Niger était prêt à rouvrir les frontières une fois que les menaces seraient écartées.
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Perspectives de dialogue
Malgré les tensions actuelles, Tiani a évoqué des perspectives de dialogue entre le Niger et le Bénin. Il a affirmé que le Niger continuerait à protéger ses citoyens tout en restant ouvert à la reprise des discussions, en reconnaissant les efforts de médiation entrepris par certains anciens dirigeants béninois.
Le Général Tiani a détaillé les mesures prises par le président Talon, affirmant que la décision d’interdiction de franchissement avait été ordonnée depuis Abuja, ce qui aurait aggravé les tensions entre les deux pays. Il a également exposé les activités présumées des agents français, décrivant une série de mouvements et de déploiements d’agents à travers le Bénin pour des opérations de reconnaissance et de déstabilisation. Tiani a précisé que ces éléments avaient été observés et suivis, contribuant à la décision de maintenir les frontières fermées.
Le président nigérien a insisté sur la nécessité de maintenir la sécurité nationale tout en espérant que des mesures appropriées permettront de rétablir les relations entre le Niger et le Bénin lorsque les menaces seront écartées.