Le gouvernement français présente un nouveau plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme

Africaho
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Le gouvernement français a présenté, ce lundi 30 janvier 2023, un nouveau plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Elisabeth Borne, la Première ministre, en a dévoilé les grandes lignes à l’Institut du monde arabe de Paris avec pas moins de 10 ministres. Le plan, qui contient 80 mesures, suscite l’espoir autant que le scepticisme du milieu associatif.

 

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« La haine tue […] Il faut agir ! » La ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, dresse un constat implacable dans le journal Le Parisien. Alors, pour lutter contre la haine et les discriminations, le gouvernement français mise sur l’éducation.

Mieux éduquer les élèves, mieux former les enseignants. Ce sont les premiers axes du plan présenté ce lundi matin, par la Première ministre française Elisabeth Borne. Ainsi, dès la rentrée prochaine, tous les élèves auront l’obligation de réaliser la visite d’un lieu de mémoire en lien avec l’antisémitisme ou toute forme de discrimination. Les professeurs sont aussi concernés par le plan : une journée de formation leur sera dispensée tous les 5 ans.

À terme, le but est de former tous les agents de la fonction publique à ces questions de racisme et d’antisémitisme. Cela concerne autant les forces de sécurité que le chargé d’accueil à Pôle Emploi. C’est un objectif ambitieux, car les agents de la fonction publique représentent 6 millions de Français.

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Renforcer l’arsenal judiciaire

Le plan comporte des mesures destinées à améliorer la réponse judiciaire. Parmi les pistes évoquées, celle d’une peine plus lourde pour les policiers qui commettraient des infractions racistes ou antisémitismes dans l’exercice de leurs fonctions. La mesure concernerait toutes les personnes chargées d’une mission de service public.

Autre point : améliorer le recueil des plaintes. L’intérêt est de réduire le nombre de classements sans suite, car leur nombre explose. Selon le ministère de la Justice, en 2020, la moitié des auteurs présumés d’infractions racistes ont fait l’objet d’un classement sans suite.

Systématiser le testing

Dernière mesure phare, le testing. Le testing consiste à envoyer deux curriculum vitae (CV) identiques, avec, comme seule différence, l’origine du candidat. Le gouvernement veut le rendre systématique, dans le privé comme dans le public, pour repérer et sanctionner les entreprises qui pratiqueraient la discrimination à l’embauche.

Infractions racistes en hausse

Tant d’annonces, car les infractions racistes ne cessent d’augmenter en France. Les chiffres du ministère de l’Intérieur sont implacables. Entre 2019 et 2021, les crimes ou délits racistes ont augmenté de 13% en France. En 2021, 7700 affaires à caractère raciste, antisémite ou xénophobe ont été comptabilisées, pour un total de 1300 condamnations. La banalisation de la parole raciste et la diffusion de concepts complotistes, parfois jusque dans le champ politique, expliquent, en partie, cette augmentation.

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Méfiance des associations

Les associations de lutte contre le racisme et les discriminations accueillent a minima avec prudence ce nouveau plan, voire avec beaucoup de méfiance. Car ce n’est pas le premier que présente un gouvernement d’Emmanuel Macron. En mars 2018, l’ex-Premier ministre Edouard Philippe présentait le sien. Sauf qu’aucun suivi n’a réellement été fait et les acteurs reconnaissent aujourd’hui que ce plan est un échec.

L’attente du côté des associations antiracistes est forte. Mais des interrogations demeurent. À commencer par celle du financement : comment le plan va-t-il être financé ? Aucun budget n’est fixé pour le moment. Par ailleurs, comment être certain de la mise en place de ces mesures, alors que la justice et l’éducation manquent, eux-mêmes, de moyens ?

Isabelle Rome, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui pilote ce plan, ne veut pas reproduire les erreurs du passé. Elle l’assure qu’il y aura bien un suivi semestriel.  En revanche, certaines associations ne se font pas d’illusion. Elles craignent, surtout, l’effet d’annonce.

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