À la télévision nationale du Niger, le colonel-major Amadou Abdramane, porte-parole du gouvernement de transition a critiqué l’accord militaire signé avec les États-Unis, en 2012. En effet, pour lui, cette coopération est “injuste” et “ne répond pas aux attentes”.
Dans sa déclaration, il fait observer que cet accord de coopération aurait été “imposé de manière unilatérale” par Washington, sous la forme d’une “simple note verbale”. Il aurait également contraint le Niger à assumer les frais liés aux taxes des avions américains, représentant un coût financier considérable. De plus, Niamey dénonce le manque d’informations sur les opérations américaines, ainsi que sur leurs effectifs et équipements déployés. Pour le porte-parole, cet accord est “profondément injuste” et ne correspond pas aux aspirations du peuple nigérien.
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Le non-respect des usages diplomatiques
Le membre du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a affirmé que la présence américaine sur le territoire nigérien est “illégale” et “viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques”. Cette décision fait suite à la visite, entre le mardi 12 et le jeudi 14 mars, d’une délégation américaine de haut niveau à Niamey. Une rencontre jugée “sans respect des usages diplomatiques” et “imposée” par Amadou Abdramane.
Les discussions auraient porté sur la transition en cours et le choix des partenaires étrangers. Selon le colonel-major, les Américains auraient accusé Niamey de conclure des accords secrets, que ce soit dans le domaine militaire avec la Russie ou sur l’uranium avec l’Iran. Cependant, le porte-parole a rappelé que ces partenariats respectaient le droit international, contrairement à la présence américaine qu’il qualifie d’illégale. Il a dénoncé une “attitude condescendante” et des “menaces de représailles” de la part des États-Unis.
Cette rupture semble également motivée par le manque de coopération des États-Unis sur le terrain en matière de lutte contre le terrorisme, selon une source au ministère de la Sécurité à Niamey. La présence américaine, avec environ un millier de soldats et une importante base de drones à Agadez, serait perçue comme contre-productive en raison du refus de partager des informations sur les mouvements des terroristes.
Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a réagi en affirmant que les États-Unis prenaient note du communiqué du CNSP et restaient en contact avec la junte pour fournir de nouvelles informations si nécessaire.
La rupture de cet accord militaire soulève des interrogations sur les conséquences pour le Niger et les États-Unis. Pour les Américains, il s’agit d’une perte stratégique majeure, tandis que politiquement, Washington pourrait adopter une position plus ferme en faveur d’un retour rapide des civils au pouvoir au Niger. En attendant, d’autres acteurs internationaux comme la Russie et l’Iran pourraient renforcer leur présence et leurs ambitions dans la région.