Dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique, le président béninois Patrice Talon est revenu sur la recrudescence des attaques jihadistes dans le nord du pays, la détérioration des relations avec le Niger et le Burkina Faso, ainsi que les efforts de son gouvernement pour renforcer la sécurité nationale.
Depuis le début de l’année 2025, le nord du Bénin fait face à une intensification des affrontements entre l’armée béninoise et des groupes jihadistes venus du Burkina Faso et du Niger. Bien que ces incursions ne dépassent pas les zones frontalières, elles ont pris une ampleur inquiétante, avec des attaques de plus en plus violentes et fréquentes. Le président Patrice Talon a exprimé son inquiétude face à cette situation, soulignant que la difficulté principale réside dans l’absence de coopération sécuritaire avec les pays voisins, malgré plusieurs tentatives de dialogue.
« Certes, ces incursions ne vont pas au-delà des zones frontalières, mais notre armée est confrontée à des groupes terroristes qui évoluent en toute liberté dans des sanctuaires désertés par les forces de défense et de sécurité des deux pays que vous venez de citer, ce qui leur permet de s’y regrouper et d’attaquer en masse« , a déclaré le président Talon. Il regrette la dégradation des relations avec le Niger et le Burkina Faso, rendant toute coopération militaire et sécuritaire quasi impossible. Cette situation fragilise les efforts de lutte contre le terrorisme dans la région.
« Il ne faut pas jeter de l’huile sur le feu »
En l’absence de soutien de ses voisins immédiats, le Bénin s’est tourné vers des partenaires internationaux pour renforcer ses capacités de défense. « Nous faisons le maximum d’efforts pour renforcer nos propres lignes de défense », a ajouté Talon, précisant que le pays bénéficie de l’aide de diverses nations, dont les États-Unis, la France, la Russie, et plusieurs autres partenaires européens et africains. Le président a notamment souligné l’importance de l’assistance sécuritaire mutuelle avec le Togo, qui fonctionne « parfaitement ».
Concernant les accusations formulées par les autorités de la transition au Niger et au Burkina Faso, Talon a exprimé son souhait de préserver la paix dans les relations diplomatiques. Le général Tiani, président de la transition nigérienne, avait accusé le Bénin d’abriter des bases d’entraînement de terroristes. Cependant, le président béninois a réfuté ces accusations, précisant qu’aucune preuve tangible ne lui avait été fournie. Il a appelé à un apaisement des tensions, soulignant que de telles accusations ne font qu’aggraver les difficultés de coopération.
Enfin, Talon a mis un point d’honneur à clarifier les accusations de présence militaire étrangère sur le sol béninois. « Il n’y a évidemment rien de tel sur le sol béninois », a-t-il affirmé, précisant que les travaux de modernisation des lignes de défense frontalières étaient réalisés par des équipes béninoises, et non par des militaires occidentaux.