Le chef de la diplomatie djiboutienne, Mahamoud Ali Youssouf, a été élu président de la Commission de l’Union africaine (UA), samedi 15 février. Il succède ainsi au Tchadien Moussa Faki Mahamat. Son mandat de quatre ans débute dans un contexte de tensions régionales et de crises politiques sur le continent.
Ministre des Affaires étrangères de Djibouti pendant près de vingt ans, Mahamoud Ali Youssouf, 59 ans, a remporté l’élection à la présidence de la Commission de l’UA avec 33 voix. Son succès a été annoncé par Alexis Mohamed, porte-parole de la présidence djiboutienne, à l’Agence France-Presse (AFP). Il a surpassé ses rivaux, dont Raila Odinga, qui avait pourtant multiplié les déplacements diplomatiques et reçu de nombreux soutiens parmi les chefs d’État africains.
Cette victoire d’un diplomate reconnu pour sa discrétion et sa maîtrise des dossiers internationaux est une nouvelle étape pour l’organisation panafricaine. Francophone, arabophone et anglophone, Mahamoud Ali Youssouf est un proche du président djiboutien Ismaël Omar Guelleh. Son expérience et sa connaissance des rouages de la diplomatie africaine devraient lui permettre de faire face aux nombreux défis du continent.
Un mandat sous haute tension
La Commission de l’UA, dont la présidence était cette fois réservée à un représentant de l’Afrique de l’Est, joue un rôle clé en tant qu’organe exécutif de l’organisation. L’élection, qui s’est tenue à bulletin secret, exigeait une majorité des deux tiers des États membres ayant le droit de vote.
Le nouveau président de la Commission arrive à un moment critique. La guerre dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où le groupe armé M23, appuyé par l’armée rwandaise, multiplie les offensives. Par ailleurs, la guerre qui ravage le Soudan depuis avril 2023 constitue un autre défi de taille. M. Youssouf devra également gérer les relations avec les grandes puissances, notamment les États-Unis, ainsi que les crises internes aux États membres de l’UA.
Dans un entretien accordé à l’AFP en décembre dernier, Mahamoud Ali Youssouf avait souligné les problèmes de gouvernance qui affectent plusieurs pays africains. Il avait mentionné les coups d’État survenus ces dernières années au Gabon, au Mali, au Niger et au Burkina Faso, qui restent suspendus de l’organisation. « Beaucoup de difficultés persistent en ce moment avec des changements anticonstitutionnels, des crises politiques et des conflits ouverts comme au Soudan », avait-il affirmé.