Le Premier ministre malien, Choguel Maïga a été démis de ses fonctions par décret présidentiel ce mercredi 20 novembre 2024. Une décision qui reflète les tensions croissantes au sein des autorités de la transition.
Le président de la transition malienne, Assimi Goïta, a démis le Premier ministre Choguel Maïga de ses fonctions ainsi que l’ensemble de son gouvernement, selon un décret lu mercredi 20 novembre soir à la télévision nationale ORTM. Cette décision survient après des semaines de tensions entre l’exécutif civil et les militaires au pouvoir, exacerbées par les déclarations critiques du chef du gouvernement.
Lors d’un discours prononcé samedi 16 novembre, Choguel Maïga avait publiquement dénoncé son exclusion des prises de décisions majeures et critiqué le report unilatéral des élections initialement prévues pour ramener le pays à un régime constitutionnel. Ces propos, jugés « virulents » par certains observateurs, ont scellé le sort du Premier ministre, dont les relations avec la junte se sont progressivement dégradées depuis sa nomination en 2021.
N’est-ce pas une fracture au sommet de l’État ?
La destitution de Choguel Maïga illustre les divisions croissantes au sein des autorités de transition. Les militaires, qui ont pris le pouvoir en août 2020 à la suite d’un coup d’État, peinent à maintenir un équilibre entre leurs engagements internationaux et les attentes nationales. Si Maïga avait été perçu comme un allié stratégique de la junte au début de son mandat, ses critiques récentes ont mis en lumière une gouvernance de plus en plus autoritaire et centralisée.
La question du report des élections reste un point de discorde majeur. Initialement prévus pour février 2024, ces scrutins sont désormais repoussés à une date incertaine, alimentant les inquiétudes sur la sincérité des promesses de retour à un ordre constitutionnel.
Bamako vers une nouvelle configuration politique
Le départ de Choguel Maïga ouvre une période d’incertitudes au Mali, où les défis sécuritaires, économiques et politiques restent considérables. Un nouveau gouvernement devrait être annoncé dans les jours à venir, mais les contours de cette nouvelle équipe restent flous. La junte, qui détient les clés du pouvoir, devra néanmoins convaincre tant au niveau national qu’international de sa capacité à mener le Mali vers une sortie de crise durable.
Dans ce contexte, la polarisation entre civils et militaires au sein des instances de transition risque de se creuser davantage. Les tensions actuelles pourraient compliquer les efforts visant à stabiliser le pays, déjà fragilisé par une insécurité grandissante et des sanctions économiques encore récentes. Reste à voir si la junte de Assimi Goïta parviendra à apaiser ces divisions internes tout en répondant aux attentes d’une population malienne impatiente de voir une issue claire à cette période tumultueuse.